ecrirecoach-valerie jean biographe

Immobilité

L’immobilité, une chance pour se retrouver

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Avoir du temps…C’est ce que tous nous réclamons pour profiter de la vie, de nos enfants, de nos passions…entraînés par le flux quotidien des tâches à réaliser, des activités à assumer , des conversations à animer, des contraintes administratives, de l’engagement professionnel, de l’organisation des plannings…bref, je pourrai ne pas m’arrêter tellement notre existence est subordonnée à des centaines, des milliers de préoccupations et d’obligations…et d’un peu de temps pour soi.

Quand s’arrête-t-on vraiment?

C’est la rupture, volontaire ou involontaire qui nous y contraint. Alors plutôt que maudire Dieu et tous les Saints, remercions le pour ces difficiles ruptures dans un quotidien qui nous perd.

Bien sûr, que ce soit la mort, la maladie, le burn-out, le conflit, le licenciement … bref tout ce qui peut arrêter le cours d’une vie, de nature à être un STOP géant, contribue à notre évolution.

Car alors le choix ne nous est plus donné, il est temps de faire le point.

Et c’est particulièrement vrai dans la maladie invalidante où vous n’avez plus d’autre chose à faire qu’à penser…

Ayant vécu la perte de mon fils, je peux parler du deuil où vous êtes en survie, comme si un pilote automatique  assurait le quotidien tandis que votre pensée est annihilée par un gouffre abyssal.  Le temps est arrêté et c’est sur du très long terme que vous vous reconstruisez avec un tout autre regard: évacuées la colère, la haine, l’injustice, l’indignation et tous les sentiments qui traversent notre existence après le drame, lentement votre existence reprend son cours, augmentée de cette expérience qui nous conduit le plus souvent à relativiser, à cerner l’insignifiance du quotidien pour nous ancrer à l’essentiel de la vie : AIMER.

Cette parenthèse pour faire la différence entre la rupture qu’occasionne la mort et toutes celles qui nous plongent dans l’immobilité forcée, physique ou mentale.

Aujourd’hui, je parle davantage de l’immobilité physique qui vous cueille un jour à la descente du lit. Ce lit que  vous ne quitterez plus ou quasi plus (oui je sais l’alitement prolongé est à éviter absolument et je recommande vivement, malgré la douleur de se lever, de faire des exercices, de se forcer….!) N’empêche qu’avec toute votre bonne volonté, vous serez coincé dans votre lit des heures durant…

Face à soi même

On se retrouve seul, face à soi même avec tout ce temps à remplir.

Dès lors, c’est un combat pour rester positif et faire de cette épreuve un temps de réflexion même si dans les premiers temps vous ne réflechissez qu’au problème qui vous occupe…retrouver votre mobilité perdue sans que cela n’occasionne de douleur.

Les jours passent et nous obligent alors à résorber un sentiment qui s’exacerbe sans cesse :  l’égo qu’il nous faut reléguer, et oui quand on devient grabataire brutalement, on a besoin des autres et on n’échappe pas à la case je demande…qui fait poindre la culpabilité de déranger sans cesse ceux qui vivent avec vous…Et pour ceux qui ont toujours vécu une grande indépendance, ce n’est pas anodin.

La dépression guette quand l’amélioration tant attendue tard. Rien n’y fait après toutes les visites chez les spécialistes, vous vous traînez avec espoir…en vain. Le doute s’installe et l’on se voit handicapé à vie ! Et on sait que d’autres y survivent et ont trouvé un équilibre… Mais cela nous laisse malgré tout un goût amer dans le coeur. Désespéré, on cède à la crise de larmes qui pour un temps nous vide (surtout la nuit quand les douleurs nous rattrapent parce que l’effet du précieux antalgique s’épuise à 4 ou 5h du matin.)

L’immobilité une chance

L’immobilité c’est aussi l’occasion de déléguer…le ménage, les courses, les repas, les rendez-vous extérieurs tout cela se fait désormais sans nous. La confiance en l’autre, celui qui fait, s’installe et on découvre que ce n’est en rien une catastrophe, que malgré votre absence les choses se font…La reconnaissance est alors au rendez-vous, carburant de l’estime de soi, récompense pour vos proches de se sentir valorisés.

Votre immobilité vous entraîne à l’ingéniosité et votre table de nuit et tout ce qui l’entoure devient un champ d’investigation au gain de place, où chaque geste est priorisé pour se débrouiller seul…le crayon dans la trousse se transforme en petite cuillère pour touiller le médicament, la boîte de médicament est agencée pour pouvoir tout retrouver en un temps record même dans le noir…Tous est à portée de main (cahier, crayon, livre, magazine, pince à épiler, ordinateur, téléphone etc…) objets devenus de première nécessité pour passer une journée qu’il faut remplir!

Le lâcher prise salvateur

Mais on a beau s’armer, il faut lâcher prise et c’est dans cette attitude que l’immobilité devient nourricière de l’état consenti d’attente. Observer les nuages dans le ciel, les oiseaux dans les arbres,ce n’est plus seulement les voir par la fenêtre mais c’est les observer et en suivre le rythme, la respiration…sans effort cela apaise, nourrit…C’est le lâcher prise qui va permettre à la pensée d’aller plus loin, dans les tréfonds de notre conscience qu’on ne visite que rarement.

Petit à petit, on accorde de plus en plus de temps à la méditation (oui oui la vraie avec la réelle intention de rentrer en soi…si ce n’est pas évident pour les néophytes, je les rassure, on y parvient quand on se plonge à l’écoute de son corps, en respirant bien, sans autre pensée que faire le vide en soi. C’est un apprentissage. Mais quand on y parvient, c’est un moyen exceptionnel de se ressourcer, de recevoir de l’énergie.

Les idées surgissent, les projets s’harmonisent, on est plus clairvoyant sur les éléments qui composent notre sentier de vie, sur nos impasses, nos peurs, nos doutes…et nos réussites.

Cela nous conduit à vivre au mieux notre situation (je me suis rendu compte  que notre complicité et notre amour de couple n’avaient pas été aussi rayonnants depuis longtemps…).

L’immobilité a finalement été une grande ressource. C’est une belle leçon de vie pour qui accepte de lâcher prise et de  positiver.

Je suis en pause pour bientôt repartir, forte d’une nouvelle énergie.

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Une réflexion sur « Immobilité »

  1. Bon courage!
    Beau texte!
    Il est vrai que d’être ds un état « imposé » & « fragile » nous semble injuste… Une obligation de s’écouter ou de ne plus s’écouter justement:)
    Et oui il faut lâcher prise et voir plus loin…ou plus en dedans:)
    La vie est parfois incompréhensible ds l’immédiateté mais les « Etats » s’expliquent:)
    Gros bizouux à vous!
    Et je ne sais pas ce que tu as mais j’espère que tt avance positivement pr toi ?!… Apparemment oui:)
    Biizes!

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