bonheur

Qu’est-ce-que le bonheur

La quête du bonheur

Reprenant l’essentiel de la conférence tenue par jean François Dortier, fondateur et rédacteur en chef du magazine « sciences humaines », cet article décline les questions fondamentales autour de la question du bonheur…

Quête  que chacun recherche.

bonheur

Voyage candide, c’est quoi le bonheur?

À cette vaste question qui occupe les hommes depuis la nuit des temps, il faut se tourner vers les fondements de la philosophie qui prennent naissance dans l’Antiquité.

1/Au temps de l’Antiquité chez les Grecs.

Aristote définit le bonheur comme le souverain bien, le but de toute vie. Est-ce-le plaisir? et lequel ? C’est un mot vague, celui des sens, de l’esprit…Il faut avancer plus en avant.

L’hédonisme

Pour répondre à cette question, on trouve l’hédonisme, le courant principal de la philosophie des Grecs, se résumant à la recherche du plaisir et à l’évitement du déplaisir qui constituent l’objectif de l’existence humaine.

Aristippe de Cyrène réduit même l’objectif de la vie à rechercher principalement les plaisirs  lié aux sens, de nature physique et matérielle disant même: « Les plaisirs du corps sont plus importants que ceux de l’âme . »

Mais est-ce tenable comme mode de vie ?

Peut-être au temps antiques étaient-il plus facile de combler le temps et de manière plus naturelle. Mais aujourd’hui, dans la course effrénée à toutes les consommations, tous les plaisirs, cela n’est plus une voie à suivre. Pourquoi ?

L’abondance des plaisirs intenses crée des phénomènes d’addiction reliés par des réseaux du cerveau. Cela mène à une excitation permanente qui amène le sujet à la dépendance des plaisirs. Ainsi, peu à peu la liberté de choix s’élimine et le plaisir devient de moins en moins intense et la souffrance fait place au plaisir.

Ce mode de vie , vécu en permanence ne tient pas.

L’épicurisme

Epicure a créé l’école philosophique : il faut distinguer les désirs naturels et les désirs essentiels. Par exemple en ce qui concerne la nourriture, il faut apprendre à manger sainement.

Traiter les souffrances et apporter l’équilibre intérieur. Il définit cet équilibre en respectant quatre remèdes:

– Ne pas craindre les dieux

– Ne pas craindre la mort

– Le bonheur est possible en recherchant le bien (plaisirs simples de la vie, sans excès, équilibre du corps et aller vers la simplicité, fuir la vanité, le pouvoir, la gloire)

– On peut supprimer la douleur

Mais cela ne répond pas aux problèmes existentiels qui fondent la vie: la procréation, l’éducation, le travail, la relation à l’autre…

Alors doit-on abandonner cette quête vaine? C’est ce que pense les stoïciens.

Le stoïcisme

Pour les stoïciens, Il ne faut pas lutter en vain contre ce qui ne dépend pas de nous, mais au contraire l’accepter et nous abstenir des vices et passions qui nous y exposent.  L’objectif du bonheur est donc une illusion et le premier pas de l’homme est de se défaire de l’idée du bonheur absolu qui pourrait se traduire par une démarche pour éviter la souffrance.

En cela, ce courant philosophique  se rapproche du boudhisme qui au regard de quatre constats,  induit le chemin à suivre pour, à défaut d’être heureux, de ne pas être malheureux:

– la vie est souffrance

– la souffrance vient du désir

– il faut fuir le désir

– il faut trouver la voie qui se défait de la souffrance

Plus proche de notre époque:  Schopenhaüer dans son livre  » l’Art d’être heureux », compile 50 règles pour surtout arriver à éviter le malheur. Ainsi peut-on lire : 

  • « N’aspire pas au plaisir, mais à l’absence de souffrance »
  • « Attends-toi au pire, et tu t’en trouveras bien quand le malheur arrivera ».

Il dit également que le bonheur n’est pas de ce monde; le bonheur et la jouissance ne sont que chimères. Ainsi, pour mieux vivre, il faut:
– Eviter la jalousie.
– Ne pas s’éloigner de ses penchants naturels.
– Limiter le cercle de ses relations pour offrir moins de prise au malheur.
– Il n’y a pas de recette unique dans le bonheur puisque cela dépend des aspirations de chacun.

Cette  philosophie ne croit pas au bonheur, elle nous invite à la lucidité pour contrer au mieux l’ennui et les désagréments de la vie. Sans doute n’a-t-il pas réussi à mettre en pratique ses propres règles puisque  paradoxalement, sa vie fut très malheureuse,  il porta sa vie comme un fardeau!

À ce courant on peut ajouter  celui d’ Alexandre Jolien, qui incite à renoncer aux désirs inutiles. (Un handicapé moteur ne pourra jamais marcher, il ne doit donc pas se perdre en désirs qui ne peuvent se réaliser). Mais le postulat que la vie n’est que d’éviter la souffrance ne répond pas à ceux qui acceptent mieux la vie et qui ont le sens du bonheur.

Selon Aristote: on peut être heureux en s’accomplissant. On est dans l’agir, dans la réalisation de soi. Il faut savoir ce pourquoi on est fait, savoir ce qu’on veut de la vie.

Mais comment peut on savoir ce pourquoi on est fait?

Est-ce que je suis un tigre, un mouton, un taureau ? C’est en se confrontant aux épreuves de la vie que l’on saura qui on est.

Une petite réserve toutefois à tous les discours de ces magnifiques penseurs. Il faut savoir que la majorité des philosophes antiques étaient issus de milieux riches et oisifs : ils n’avaient pas à se soucier de leur avenir, ils ne travaillaient pas. ils n’avaient pas à se confronter aux problèmes de l’existence, à se coltiner dirait-on la lie de l’existence : comme survivre dans un monde en crise.

2/Le regard scientifique du bonheur

Est-ce-que les humains sont faits pour être heureux?

Nous sommes une espèce de mammifères, et comme eux, notre lente évolution n’a pas effacé l’angoisse originelle de vivre et survivre  dans un monde faits de dangers. Il faut donc avoir une dose d’angoisse pour se protéger du danger.

Heidegger disait que l’homme est un angoissé fondamental. Il doit comprendre « le caractère fluctuant et foncièrement inquiet de l’existence ».
S
elon cette théorie, on ne serait donc pas conditionné pour le bonheur. D’autant que la science a mis en lumière que notre cerveau enregistre les échecs, les traumatismes qui  sont des leçons  pour la suite de notre vie et qu’ainsi, il est armé pour  ne pas répéter les mêmes erreurs. Mais cela nous pourrit la vie.

A contrario: Il existe le biais d’optimisme.

Dans son livre « Tous programmés pour être optimisme », Tali Sharot  démontre au travers d’études psycholgiques qu’on tend à être    optimiste pour l’avenir, à se croire plus fort que l’on est, de prendre de bonnes résolutions…Cela étant une pensée positive, elle nous aide à vivre, avec l’espoir toujours renouvelé d’arriver au bonheur.

Mais la science aujourd’hui ayant fortement avancé, notamment  dans le domaine de la biologie et des neurosciences,  sait désormais que les gènes programment les gens:  pour le bonheur ou  le malheur. Nous sommes donc inégaux génétiquement face au bonheur.

Le bonheur a également un lien très ténu avec la santé. Mais à traumatisme égal, certains réagissent mieux que d’autres. Certains même admettent que leur vie a changé positivement après un traumatisme car ils ont réussi à faire face, à être résilient. Un concept étudié par Boris Cyrulnik.  La résilience, c’est avoir  la capacité à affronter les épreuves positivement.

La résilience s’apprend en cultivant les aptitudes à combattre et se mettre en projet avec des objectifs. Les buts que l’on se fixe aide à se projeter dans le futur.

3/Les thématiques liés au bonheur

L’économie du bonheur

Est-ce-que l’argent fait le bonheur?

Jules Renard disait: « si l’argent ne fais pas le bonheur rendez-le ». Cette phrase anecdotique montre toute l’évidence que richesse et bonheur peuvent être liés jusqu’à une certaine limite qui ne rompt pas un équilibre.

Des études ont été faites pour étudier la question. On a étudié précisément la vie avant et après des gros  gagnants du loto: ceux pour lesquels cela revêtait un changement de statut important. Pour beaucoup qui ont basculé dans un statut qui n’était pas le leur, les choses se sont révélées dramatiques et leur vie s’est délitée aggravant leur situation. Pour d’autres, ils sont revenus petit à petit à leur niveau de vie d’avant, montrant que malgré tout il n’arrivait pas à appréhender les mécanismes pour rester riche et que l’hypothèse est posée qu’inconsciemment il cherchait à retrouver la vie d’avant.

Tout ce qui peut être constaté est que plus la rupture est grande plus la notion de richesse n’intervient plus dans le bonheur. L’argent ne conduit pas à la réalisation de soi mais il peut améliorer le bien-être.

Le Paradoxe d’EASTERLIN démontre très bien ce phénomène. La courbe de développement de richesses dans un pays suit la courbe du bonheur mais elle stagne quand elle atteint un niveau de vie décent, et l’enrichissement maximal de la nation n’apporte pas plus de bonheur individuel.

Il y a une relation entre la richesse et le bonheur mais elle est très faible.

 Le bonheur puisé dans la relation

Que ce soit dans  l’amour, la famille, le travail, l’amitié, on aspire à trouver le bonheur. Ce sont les conditions les plus citées dans la majorité des enquêtes sur le bonheur : partager et rompre la solitude, se sentir en communauté, en soutien etc…

Mais le contexte au travail, dans sa relation amoureuse, familiale ou conjugale, dans son voisinage génère autant de stress liés à des conflits qu’elle génère de satisfaction et de plaisir.

Les relations sociales sont à la fois un très grand facteur de bonheur et représente l’enfer de l’autre comme le disait Sartre : « l’enfer c’est les autres ».

Reste la relation à Dieu qui est pour beaucoup d’être humain, la croyance qui fait tenir, qui maintient l’espérance pour l’Après mais pas seulement.

Il est prouvé aujourd’hui que le bénéfice du don de soi améliore notablement l’estime de soi, la santé et la relation à l’autre. Ainsi, les croyants sont en moyenne plus heureux que les athés.

Le bonheur est à la portée de tout à chacun quand charité et bienveillance  deviennent une règle de vie. Il y a  un plaisir immédiat dans le fait de donner. L’excellent livre de Matthieu Ricard  apporte de nombreux éléments scientifiques sur le bénéfice physique et mental de la bienveillance.

 

CONCLUSION

La notion de bonheur est ambigüe : il existe des épreuves que l’on s’inflige ou que l’on subit et qui au final conduisent au dépassement de soi.

Il semble que la notion de bonheur global est une illusion et que seuls existent des instants de bonheur.

Le bonheur dépend de sa constitution génétique.

L’accomplissement de soi est un facteur important du chemin vers le bonheur mais il doit être toujours renouvelé.

Trois questions doivent être posées:

– Que puis-je connaître ?

– Que dois-je faire ?

– Que me permet-il d’espérer ?

Qui débouchent sur une dernière question:

Finalement Qu’est-ce-que l’être humain ?

Mes petits bonheur à moi

Promener mon chien et le voir gambader heureux d’être libre sur la plage, dans la forêt – Me réjouir de la beauté du monde, de ses paysages, des fleurs, des arbres, des vagues, du ruisseau, des magnifiques insectes aux couleurs brillantes – Savourer l’harmonie du goût dans l’équilibre pain, fromage et vin – Plonger dans l’océan et nager un jour de chaleur ou de pluie chaude – Découvrir un nouveau village et y débusquer  une jolie église, une fontaine, un arbre centenaire – Vibrer et sentir le Qi qui coure dans les méridiens de mon corps et être en harmonie avec le monde – et tant d’autres choses encore…

 

Bibliographie complémentaire

Apprendre à être optimiste www.michelefreud.com

Le paradoxe d’Easterlin

 

 
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