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La réalité relative

Anekāntavāda est la doctrine la plus importante du Jaïnisme qui provient du Tattvartha Sutra qui peut se traduire par la « réalité relative ».

Cette philosophie orientale s’appuie sur deux points essentiels:

  • Le « syadvada », la relativité des objets et des êtres dans le temps et l’espace
  • Le « navayada », les points de vue multiple

La réalité  étant complexe, aucune affirmation simple ne peut l’exprimer totalement. La parabole des aveugles et de l’éléphant décrit très bien la réalité de l’interprétation et démontre facilement y compris à des enfants la « réalité relative ».

La parabole des aveugles et de l’éléphant

La parabole des aveugles et de l’éléphant – fable dans le Janïsme)

« Six hommes d’Inde, très enclins à parfaire leurs connaissances, allèrent voir un éléphant (bien que tous fussent aveugles) afin que chacun, en l’observant, puisse satisfaire sa curiosité.

Le premier s’approcha de l’éléphant et perdant pied, alla buter contre son flanc large et robuste. Il s’exclama aussitôt : « Mon Dieu ! Mais l’éléphant ressemble beaucoup à un mur! ».

Le second, palpant une défense, s’écria : « Ho ! qu’est-ce que cet objet si rond, si lisse et si pointu? Il ne fait aucun doute que cet éléphant extraordinaire ressemble beaucoup à une lance ! ».

Le troisième s’avança vers l’éléphant et, saisissant par inadvertance la trompe qui se tortillait, s’écria sans hésitation : « Je vois que l’éléphant ressemble beaucoup à un serpent ! ».

Le quatrième, de sa main fébrile, se mit à palper le genou. « De toute évidence, dit-il, cet animal fabuleux ressemble à un arbre ! ».

Le cinquième toucha par hasard l’oreille et dit : « Même le plus aveugle des hommes peut dire à quoi ressemble le plus l’éléphant ; nul ne peut me prouver le contraire : ce magnifique éléphant ressemble à un éventail  ! »

Le sixième commençait tout juste à tâter l’animal, lorsque la queue qui se balançait lui tomba dans la main. « Je vois, dit-il, que l’éléphant ressemble beaucoup à une corde ! »

Ainsi, ces hommes d’Inde discutèrent longuement, chacun faisant valoir son opinion avec force et fermeté. Même si chacun avait partiellement raison, tous étaient dans l’erreur

Notre vision du monde est différente selon :

  • notre place et statut :le point de vue d’un employé-ouvrier est rarement le même qu’un patron-directeur alors que paradoxalement les arguments de chacun sont acceptables et crédibles;
  • Selon notre environnement : Un citoyen piéton d’une grande ville sera plus favorable aux mesures écologiques du type péage pour la circulation dans sa ville tandis que le citoyen rural ne venant qu’exceptionnellement dans la grande ville trouvera exagéré de payer pour circuler dans la ville.
  • Selon notre habitus : Un jeune éduqué par les hommes de la famille, chasseurs de père en fils, vivant au coeur d’une région infestée de sangliers qui font des dégâts dans les champs alentours ne verra pas d’un bon oeil quelqu’un qui viendra lui donner des leçons sur l’écologie animale. Pour lui la chasse fait partie de son ADN éducatif.

On pourrait multiplier les exemples à l’infini.

La solution est de manifester lors d’une confrontation d’idées un minimum d’empathie pour comprendre le point de vue de l’autre: d’où parle-t-il ?

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