« Le titre t’appartient »

« Le titre t’appartient »

Une biographie réalisée en 2014

femme kabyle, kabylieEXTRAITS DU LIVRE « LE TITRE T’APPARTIENT »

Je suis née au milieu des caroubiers, le seul arbre qui se sent heureux parmi les pierres. Le fruit du caroubier  a, pendant des siècles, sauvé bien des régions de la famine et fut pendant longtemps la seule ressource de grands nombres de familles. La pulpe du fruit était succulente et juteuse. Les graines de caroubier servaient aussi à équilibrer les balances lors des pesées. Cet arbre représente donc beaucoup pour moi, il est le symbole de  mon enfance, et le souvenir de  ma terre natale. Celui planté dans notre cour était le lieu de  méditation familiale où chacun peut venir se ressourcer en dehors des autres.

Ma mémoire réactive des images, des senteurs venues de mon enfance. On ne mesure pas combien les odeurs sont des vaisseaux pour remonter le temps…

Au détour d’un chemin, dans ma cuisine, dans une boutique, il n’est pas rare que je sois coupée dans mon élan ; un parfum m’envahit alors et m’évoque instantanément ma Kabylie natale. Il me plonge dans les souvenirs sans que je fasse d’effort de mémoire pour le retrouver.
Les effluves de mon enfance sont là, ancrés en moi, essences du pays tant aimé…

LE BASILIC

 Plante aromatique utilisée dans la cuisine, le basilic est originaire du sud ou d’Afrique centrale. Il fut importé il y a 4000 ans en Égypte puis s’est épandu à tout le pourtour méditerranéen. Les feuilles de basilic s’utilisent, de préférence, crues car leur arôme s’atténue à la cuisson.  Elles accompagnent les crudités. Pour les plats chauds il faut l’ajouter juste avant de servir pour lui conserver sa saveur vive et fraîche. Toujours pour des raisons de préservation de son arôme, il ne se mixe pas, mais se broie dans un mortier avec un pilon.
Cette odeur est associée dans mon esprit à maman qui en avait un brin derrière l’oreille, caché sous son foulard éclatant de couleurs. Du plus loin que je me souvienne, elle glissait du basilic dans le linge, au creux d’un oreiller afin de diffuser cet arôme frais et subtil piqué d’une pointe de menthe.

basilic kabylie

 Le JASMIN

Le jasmin est une petite fleur jaune ou blanche qui pousse sur un arbuste.  Elle est très odorante, et dégage un parfum capiteux. Le nom jasmin vient de l’arabe yâsamîn, lui même emprunté au persan et est à l’origine du prénom arabe féminin Yasmina. En Orient c’est le symbole de la beauté et en Tunisie offrir cette fleur  est une preuve d’amour. Dans la tradition française, les noces de jasmin sont célébrées pour 66 ans de mariage.
A la tombée de la nuit, le jasmin parfumait tous les environs d’une odeur forte et enivrante.  Je porte encore en moi la sensation olfactive prégnante du parfum qui imprégnait l’air du soir autour de la maison.
jasmin kabylie

LA ROSE SAUVAGE

Les rosiers sauvages implantés sur le pourtour méditerranéen sont des résurgences d’anciens rosiers cultivés, importés par les premiers colons, qui ont spontanément se sont adaptés aux terres intérieures. A l’état sauvage dans les montagnes, pousse aussi l’églantine, forme simple de rosier sauvage, arbuste odorant à petites fleurs simples et blanches.
Le rosier planté devant la maison, habillé de pétales généreux, rose vif, inondait de son parfum puissant la terrasse.

 rose sauvage kabylie

L’histoire que je vais vous raconter est celle d’une famille qui vivait à Mouzaïa, un petit village en Kabylie, protégé par la barrière naturelle des montagnes alentours,  l’isolant  du monde civilisé et de la course folle du progrès. Mon récit s’entrelace dans celui de ma mère et je veux, avec ce livre, lui témoigner mon admiration et apporter aux générations suivantes la trace de leur histoire. Mon regard n’est pas complaisant, mais empreint de générosité, replaçant pour chacun des petits bouts de leur parcours et j’espère ne blesser personne. Vous comprendrez en parcourant ces lignes que mes souvenirs d’enfance croisent un quotidien  vécu principalement avec ma mère, mes sœurs et mes frères tandis que ceux qui se rapportent à mon père sont liés à mon arrivée en France. Sa vie, il me l’a raconté alors que j’étais adulte alors que le récit lié à ma mère prend ses racines dans ma mémoire enfantine.

Mon père, seul garçon d’une fratrie de 4 filles, il porte le prestige d’être un garçon et une lourde responsabilité aussi. En effet, son père meurt quand il a 9 ans et Fatima, sa mère, se retrouve brutalement veuve avec cinq enfants en charge. M, mon père, n’aura donc pas  le choix et malgré son jeune âge, il doit à 10 ans partir travailler sur les docks à Alger. Pourtant, le grand père maternel, pourrait les aider car il en a les moyens, mais M sait qu’il n’est pas aimé par ses grands-parents maternels et qu’il doit assumer seul la charge de sa mère et de ses sœurs. Sans doute cette situation participera au tempérament guerrier de sa mère qui devra assumer un rôle d’homme dans son village pour tenir son foyer… La vie est alors très dure, M, seul homme de la famille doit assurer la charge de la famille. Et dans cette existence il n’y  a pas de place pour les sentiments, il faut survivre.
Le travail aguerrit le jeune adolescent qui devient un très bel homme. Alors qu’il a 18 ans, sa mère, véritable patriarche régnant sur la maison, marie son fils  à Y, jeune paysanne de 14 ans.

Mais encore pubère, elle est renvoyée à ses parents.
De nouveau elle est remariée à A, elle n’a que 13 ans.
Il est très gentil avec Yamina et ne manque pas de lui apporter un sachet de bonbons tous les soirs. Mais, aucune naissance n’arrivera et encore une fois, la jeune fille est renvoyée chez ses parents. Son père, pressé de caser sa fille, la remarie encore à M, mon père. Mais cette fois, c’est un véritable exil, loin de sa famille. Elle est confiée à Fatima, une cousine qui avait un fils unique et qu’elle voulait marier. Cette femme va devenir ma grand-mère.
De l’union de M et Y, trois ans plus tard naîtra S, premier garçon de la famille.

M travaille désormais dans une ferme sous l’autorité d’un colon mais il ne gagne pas assez sa vie. Il est dit qu’en France il y a du travail bien payé alors il prend sa décision et, en 1949, il part. Il n’a que 22 ans et malgré la force qui le conduit à s’expatrier, il ne peut s’empêcher de pleurer au moment du départ, les larmes l’accompagneront tout au long du trajet. Il prend le train pour Alger puis s’embarque pour Marseille. Il découvre le vieux port  et tombe sous le charme. Sur le bateau, il a eu le temps de faire la connaissance de ses compagnons d’infortune qui comme lui, sont kabyles et comme lui vont tenter leur chance en France. Bientôt ils s’organisent en petits groupes et M donne à l’un deux son argent pour qu’il prenne son billet de train pour Paris. Hélas, l’homme ne reviendra pas, c’était un voleur à la sauvette qui le laisse sans le sou dans cette grande ville où on ne survit pas sans argent. Il ne parle pas un mot de français, il est désespéré et erre dans la gare Saint Charles. Bientôt arrive la nuit, que faire ? Il décide malgré tout de rentrer dans un hôtel où il demande à téléphoner en PCV, seul moyen de joindre quelqu’un sans avoir à payer la communication. Le réceptionniste n’accède pas tout de suite à sa demande et lui demande de raconter ce qui lui est arrivé. Après avoir narré sa mésaventure, l’homme accepte que M appelle son beau frère. Celui-ci demande à parler au réceptionniste à qui il promet d’envoyer un mandat dès le lendemain, afin que mon père puisse rester à l’hôtel pour la nuit. Effectivement, l’argent parvient à mon père qui peut poursuivre son voyage. Il part pour Paris. Arrivé gare de Lyon, son beau frère vient le chercher et l’emmène porte de Bagnolet où il s’installera le temps de trouver un travail et un logement.
Dès le lendemain, il part pour l’usine, intégrer son premier emploi en France. Tout va si vite qu’il n’a pas le temps de réaliser ce qui lui arrive. Pendant un an, sa seule obsession sera d’économiser de l’argent pour l’envoyer aux siens restés en Algérie. Au bout d’un an il   maîtrise le français et décide de prendre une chambre. Il prend alors conscience qu’il est  libre et autonome, affranchi de sa mère et de ses sœurs : il commence à apprécier sa vie même si le mal du pays revient par vagues nostalgiques envahir son esprit. Comme beaucoup d’immigrés de cette époque, le retour au pays se fera pendant ses congés d’été.
Pendant son absence, sa femme Y est sous la tutelle sévère de la mère de M et lui fait subir toutes les humiliations, jusqu’à la priver de son rôle de mère en lui prenant son bébé pour l’éduquer sans elle. La cruelle réalité du mariage qui veut par tradition que les filles mariées se soumettent à l’ordre de la belle famille l’anéantit.

Après un espoir fou de rester auprès de son fils, elle est de nouveau renvoyée chez ses parents. A son retour dans la famille, Y est aussitôt remariée à un autre homme qui est très amoureux d’elle tandis que M, le père de son fils, est remarié aussi à une autre femme.

Pour, la vie sans voir son fils est une torture et un jour elle apprend que la nouvelle femme de M est partie, ne pouvant supporter la méchanceté de la grand-mère F. Elle supplie alors une de ses belles soeurs, de convaincre la grand-mère de la reprendre auprès de son fils. Ses prières furent entendues et le coeur de plomb à l’idée de retrouver sa prison mais transportée aussi de joie d’être de nouveau avec son fils, elle repart dans la famille de M. Enfin, Y peut serrer S sur son sein.
Mon père, sans doute influencé par le système très réglementé français et voulant peut être anticiper un regroupement familial futur, va déclarer S et son mariage aux autorités. Leur union, cette fois est officielle. Mon père est  de retour de France, seulement pour les vacances mais Y ne  sait pas qu’il veut repartir et la laisser seule aux mains de son tyran, la grand-mère. Il lui fera les yeux doux, lui glissera des paroles de miel pour mieux la charmer et  le laisser partir. Cette période sera la plus belle de la vie de maman.M repartira laissant derrière lui un autre enfant. Après le départ de M en France, la grand-mère reprend la main sur la vie familiale, exigeante et ne laissant que peu de place à Y et H son deuxième enfant.
La guerre d’Algérie apporte son lot de misères quotidiennes et la faim pèse sur la famille. Heureusement, Mohand, gagnant un peu d’argent en France,  revient pour nourrir la famille. Il découvre son fils Hocine mais cela ne lui procure pas d’émotion particulière.  Il reste juste  le temps de mettre Yamina enceinte avant de repartir.

L’amour est en option chez les kabyles !
Montrer ses sentiments est considéré comme un signe de faiblesse. Le code d’honneur tient la communauté. Pour le voisinage, il faut être d’une exemplarité parfaite et ne pas faire parler de soi. L’image de la famille doit être préservée au regard des autres.
Le pays est déchiré par la guerre.

C’est dans ce contexte, qu’à l’âge de 7 ans, H, un enfant très débrouillard, décidera de partir en ville pour sortir la famille du marasme.  Il s’en va  un jour et va se poster sur la route pour attendre qu’une voiture le prenne pour rejoindre la ville et y  trouver du travail. Arrivé là bas, il s’adresse à un boucher qui le prend pour la journée, pour laver des abats. Ce jour là,  il est   payé 50 centimes. Avec son premier salaire, il achète 4 morceaux de sucre et du café  qu’il offre à sa mère, qui adorait le café, sans le dire à la grand-mère. Ce cadeau bouleverse Y qui voit en lui son enfant sauveur, celui qui se rebelle tandis que son frère se soumet. Après quelque temps, H se fera un peu plus d’argent et toujours désireux de montrer à sa mère son amour, il lui achètera quatre foulards de toutes les couleurs. Oh comme elle était fière de les porter!
Quelques temps après ces évènements tragiques, M rentre  au pays. Il retrouve sa famille et de nouveau fait un enfant à ma mère. Après avoir encore  prouvé sa virilité, mon père repart. A cette époque, il ne faisait que passer dans notre vie. Quelques mois s’écoulent quand Y reçoit des nouvelles alarmantes de sa mère  qui est souffrante et  qui la réclame auprès d’elle. Paniquée, elle court demander l’autorisation à la grand-mère de partir en ville rejoindre sa mère. Celle-ci refuse catégoriquement alors que Y la supplie à genoux d’exaucer son vœu le plus cher, revoir sa mère. Elle a pleuré toute la semaine, priant « ya yema, ne pars pas sans que je te vois, ne me laisse pas, laisse moi poser mon regard une dernière fois sur ton visage, laisse moi entendre ta voix… » La grand mère, sans pitié, ne fléchit pas.
Y reste dans l’intolérable incertitude. H, son fils chéri, parti à la fontaine accompagner sa tante et sa grand-mère, surprit des chuchotements. Tendant l’oreille, il entend qu’un cousin avait rapporté que sa mère , était morte. Comprenant la gravité de la nouvelle, il sème les deux femmes sur le chemin du retour et va apprendre la  tragique nouvelle à sa maman. Le malheur tant redouté pour Y était arrivé, sa mère était partie sans qu’elle puisse la revoir. Comme frappée par la foudre, Y se met à hurler comme un animal blessé tandis que la grand-mère revient. Promptement, elle enferme Y dans sa chambre, « soi disant » pour que les soldats ne l’entendent pas.

Aujourd’hui j’ai le cœur lourd de savoir que ma mère fut laissée là, seule, désemparée en proie à son chagrin, sans qu’un mot de condoléances et de sympathie ne lui soit donné. Ce soir là, elle garda toute la nuit ses enfants sur son cœur. Le lendemain, seule une des tantes voisines viendra la réconforter. Les jours qui suivirent,  Y restait prostrée, ne se nourrissant plus. Son amie  la suppliait de penser à l’enfant qu’elle portait  mais rien n’y faisait. Pourtant, un joli bébé brun naît, bravant la nature.

En France, mon père est installé avec une femme. Au début de son arrivée en France, il remarque à son  travail une femme qui le regarde souvent. Il n’ose pas lui parler car c’est une française et au premiers temps de l’immigration, les hommes se devaient d’être discrets pour ne pas avoir d’ennuis. Alors  cette femme,  vient le séduire, lui demandant de sortir  avec elle.  M accepte de se distraire en sa compagnie et ils vont souvent danser ensemble. Il se sent bien avec elle et il finit par céder à ses avances pour rompre sa solitude, sa frustration. Le mal du pays a raison de lui. Quelques mois plus tard, elle lui propose de vivre chez elle. Là commence sa double vie. Une vie qu’il se choisit et qui ne lui est pas imposée. Mon père devient le beau père de 4 enfants.
Sa nouvelle femme va l’aider à s’émanciper et à intégrer la culture française. Il vit bien tout en continuant à envoyer de l’argent en Algérie, son pays qui deviendra indépendant en 1962. Enfin, il rejoint l’Algérie. Il  débarque comme un prince, bien habillé avec des cadeaux pour tous et est accueilli au village comme un héros. Le retour est pour sa mère  une joie immense tandis qu’elle est vécue dans la peur pour Y et ses enfants. Toutes ses années sans se voir, ils ne se connaissent pas.
Il n’est nullement perturbé par sa double vie. Il s’autorise d’autant plus cette vie, qu’il avait été clair avec sa maîtresse qui connaissait sa situation et qui l’acceptait.Par contre Y n’en savait rien. Ce qui dérange mon père, c’est que Y ne soit pas encore enceinte à son départ, vexé de ne pas encore laissé son empreinte de mâle,   il revient pour faire un autre enfant et repart.

A l’été, M revient au pays avec assez d’argent pour ouvrir une épicerie dans le village. Cela soulagera grandement la famille, les choses s’arrangent, on mange mieux. Ma mère reçoit une vache mais soumise à la tyrannie de la grand-mère, elle ne peut pas en profiter car elle n’a pas droit au lait. Imaginez, cette femme qui tous les matins va traire sa vache et qui revient le seau plein qu’elle donne à la grand-mère, sans même avoir droit à un verre ! Quand maman m’a raconté ça, je me suis exclamée : « mais pourquoi tu n’en buvais pas au moment où tu trayais la vache, la grand-mère ne pouvait pas te voir. » elle m’a expliquée qu’elle n’aurait pas pu désobéir tellement la soumission était ancrée en elle.
Pendant ce même été, ma mère entend des rumeurs sur une deuxième femme, une femme qui viendrait rejoindre M dans son propre village. Comment vivre cette humiliation supplémentaire ?  Allait-on encore la rejeter et la renvoyer dans sa famille, la priver de ses enfants ? Ses pensées s’affolent. Peut être partir, mais pour aller où ?  sans argent, sans soutien, c’est impossible.Toutes ces questions lui vrillent le cerveau, les jours ne sont qu’attente dans le doute et la crainte de perdre ses enfants.
Enfin cette femme est là, avec sa fille. Y qui n’avait déjà qu’une toute petite place, doit avec humilité et discrétion se faire plus petite encore face à cette superbe étrangère gonflée de la richesse occidentale : maquillage, tailleur ajusté, coiffure, bijoux, talons hauts… Ma mère, pauvre Cendrillon paysanne, ne peut rivaliser et  doit servir la belle, la maîtresse de son mari.
Ma vie s’écoulait tranquille en Kabylie mais une sorte d’instinct me disait que cela ne durerait pas, que mon destin n’était pas là, pas en Algérie. Et j’avais raison !
Un jour j’ai surpris, cachée derrière un mur, une conversation que mon père avait avec ma mère alors qu’il était en vacances au village. Il s’agissait de notre départ pour la France.
J’ai compris qu’il ne projetait pas d’emmener tous ses enfants là-bas et que son choix s’orientait sur moi car à l’époque faisant un blocage intestinal, je devais être soigné en France.
C’est ainsi qu’un matin mon père nous emmène en ville, ma mère, deux de mes sœurs et moi pour faire des photos d’identité. J’ai alors demandé à H pour quoi avions nous besoin de photos qui m’a répondu : « Tu as de la chance, tu vas aller en France avec ton père. » je ne comprends pas à cet instant qu’il puisse parler de chance alors que je me sentais bien chez moi auprès de ma mère qui comblait largement de son amour le vide occasionné par l’absence de mon père. Cet homme froid et distant que je ne connaissais pas et dont j’avais une peur bleue.

Pour notre installation à Paris, on débarque donc dans l’appartement d’une autre. Nous avons vécûmes cette infâme situation familiale où mon père naviguait entre la chambre de sa femme et celle de sa maîtresse pendant environ un an et demi. Le temps nécessaire à ma mère pour maîtriser suffisamment le français pour acquérir de l’assurance et connaître ses droits.
Un jour, après le départ de mon père, elle se décida à asseoir sa légitimité d’épouse légale. Elle sortit le livret de famille et interpella T en ces termes : « Tu vois, moi je suis sur le livret de famille et toi tu n’y  es pas, alors il est temps que tu partes. »Et c’est ce qui se passa.Elle vivra ailleurs sans rompre pour autant sa relation mais au moins l’adultère ne se faisait plus sous notre toit.

EPILOGUE

J’ai voulu à travers  ce livre, donner la parole à ma mère qui a été soumise une grande partie de sa vie. C’est essentiellement elle qui a alimenté ma connaissance des faits qui ont construits notre histoire de famille.

Je m’aperçois après tous ces mois où j’ai plongé dans notre passé que les femmes ont joué un grand rôle dans l’histoire de la famille. Que ces femmes, malgré le poids de la tradition qui les relègue à peu de choses, ce sont elles qui ont une forte personnalité, tandis que les hommes ont subi le destin qu’on avait choisi pour eux.

 

Retrouvez d’autres extraits du livre de Dalila, notamment ceux témoignant de la guerre en Kabylie,des traditions et du choc des culture:  extraits du livre le titre t’appartient

creative commonsCe(tte) œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification 2.0 France.

2 réflexions sur « « Le titre t’appartient » »

  1. Encore une belle aventure que cette biographie dont j’ai eu le privilège d’accompagner par le film d’un des moments de sa réalisation.

    1. Quand on arrive à l’édition c’est un moment précieux: on sait que l’on est parvenu à l’objectif fixé des mois avant avec la personne. c’est encore plus émouvant quand ce sont des personnes qui ne sont pas à l’aise à l’écrit: le livre devient une réalité au delà les espérances posées au départ…

Cet article vous a interpellé. Laissez moi un commentaire