« L’autodidacte »- biographie
Correction d’un manuscrit biographique de 250 pages pour Jean Claude réalisé en octobre 2012 suivie de l’édition de son livre. Ce travail a nécessité 40 heures de correction et de travaux PAO pour la réalisation de sa couverture originale.
Synthèse du récit: Jean Claude à l’occasion de sa retraite, retrace sa vie de consultant international mettant à jour tous les sacrifices qu’il a du faire pour se hisser à la première place alors qu’il n’avait aucun diplôme. C’est aussi le témoignage d’un homme qui n’a pas toujours été compris par les siens qui ont souvent envié sa situation, l’isolant du cercle familial peu enclin à voir autre chose en lui qu’un homme affichant son succès.
EXTRAITS DU LIVRE L’AUTODIDACTE
Deux missions passionnantes
Elles vont me permettre de définir la stratégie informatique ainsi que le nombre de sites que doivent avoir France Télécom d’une part et le réseau des Caisses d’Epargne de l’Ecureuil d’autre part.
Je vais rapidement me rendre compte, notamment pour les Caisses d’Epargne, … que le poids des castes, des habitudes et des routines est paralysant pour affronter le vent du large, c’est-à-dire la compétition nationale et internationale. Pour remporter le marché, tous les grands cabinets de la place de Paris, rivalisent d’exploit et proposent d’utiliser une méthodologie d’élaboration de stratégies et plans informatiques, qui rencontre un vif succès : la méthode racine. Pour être franc, aucun consultant, chez DIEBOLD, ne connaît cette méthode. J’en imagine une qui est participative et qui emprunte des outils à la méthode racine dont J’ai acheté le livre à la fameuse librairie Lavoisier. … Je baptise ma méthode: méthodologie spécifique que j’applique pour le réseau des Caisses d’Epargne et de sa holding, le Cencept ..
La proposition est un véritable monument de bravoure. Elle comprend une centaine de pages. Tout d’abord, elle introduit un rappel du contexte des Caisses et du rôle du Cencept. Puis suit un chapitre relatif aux objectifs et résultats à atteindre à l’issue de notre mission. Ensuite, je propose un chapitre, que je qualifie de prouesse de méthodologie, qui décompose les différentes phases et étapes de travail, précisant les actions conduites par chaque consultant, pour chaque demi-journée et ce pendant les trois premiers mois de l’intervention. La méthode est complétée par des schémas relatifs aux outils de recueil des informations, au classement des Caisses d’Epargne selon la méthode ABC et aux tableaux statistiques. Le chapitre suivant précise le détail de nos travaux et actions, tant en caisses qu’au siège. Le dernier chapitre de cette proposition-fleuve comprend le profil de chaque consultant avec une page par intervenant, et bien entendu nos honoraires et les règles déontologiques d’intervention.
Au cabinet, on rit sous cape. Pourquoi faire un document aussi important ? Enfin, je prépare des transparents qui seront projetés lors de la présentation de notre proposition. J’ai demandé aux consultants susceptibles d’intervenir sur cet éventuel contrat, d’anticiper les interrogations possibles et de répondre aux questions qu’ils nous poseront, en les resituant dans le schéma de l’intervention. Travail titanesque de préparation. En sortant de chez ce prospect dont la présentation, montre en mains, a duré trois heures, nous sommes épuisés. Je dois avouer que j’ai senti le poids des questions des directeurs du Cencept. Mais j’ai acquis la certitude que notre proposition ainsi que notre présentation les ont impressionnés. Un travail m’incombe encore : rencontrer quelques administrateurs avec un argumentaire solide. La routine quoi ! Mais que de temps passé, de soirées investies, d’hésitations, de doutes mais heureusement soldés par quelques certitudes.
Après trois semaines d’attente, le directeur général me téléphone. Ils sont enthousiastes et signent le contrat avec nous. Moi, je le suis beaucoup moins qu’eux. J’envisage immédiatement les difficultés que nous allons rencontrer.
Mais au cabinet, je suis félicité, le contrat est important et nous allons constituer une équipe de huit consultants qui va travailler à plein temps pendant onze mois. Il va falloir accoucher d’une stratégie, d’une politique et d’un plan. Chacune des régions possède son propre patron, qui lutte contre la création récente de la holding le Cencept. Celle-ci nous a prévenus de cette résistance et de son impuissance actuelle à mettre en œuvre une stratégie de groupe, propre à dynamiser le réseau face aux autres banques françaises et étrangères.
Un véritable défi
Au fil des ans, le Cencept devient la caisse nationale des caisses d’épargne (CNCE), et le groupe des Caisses d’Epargne créé en 2009 est constitué de 17 caisses d’épargne qui exercent tous les métiers et les services de la banque commerciale et de la banque d’investissement. Ce groupe est issu de la première caisse d’épargne fondée à Paris en 1818. Depuis cette époque historique, le groupe s’est développé avec notamment le rachat des grandes enseignes et la création de nouvelles filiales. Il a acquis CDC IXIS, la banque Palatine (ex-banque Sanpaolo) et Entenial. Avec la création de Natixis la banque d’investissement et de projets, le Groupe intensifie les investissements et le financement de gestion d’actifs. Puis il se dote d’un pôle immobilier autour de Nexity. Avec ses partenaires Macif et Maïf, il s’est porté acquéreur de Meilleurtaux. Pour marquer ses engagements dans la société, l’action du groupe Caisses d’Epargne est relayée par sa Fondation et par des politiques actives de développement durable, de mécénat et de sponsoring.
Le groupe des Caisses d’épargne fusionne avec celui des Banques Populaires et devient le deuxième groupe bancaire français avec l’appellation de groupe BPCE.
Dès le début de la mission, nous pouvons constater que dans cette entreprise dite participative, les cadres sont comme des étagères : plus ils sont hauts et moins on s’en sert. Aujourd’hui, diriger implique un engagement personnel profond : c’est la fin des patrons et l’avènement des leaders. Le temps est venu pour les dirigeants de travailler sérieusement sur eux-mêmes, pour mieux se connaître, afin de s’engager à bon escient dans l’animation et l’entraînement des autres. En effet, l’homme est un enfant naturel du changement. C’est un voyageur et ce n’est pas un hasard si le bon sens populaire nous rappelle que seuls les imbéciles ne changent pas d’avis.
J’ai rencontré des hommes heureux et disponibles, mais aussi des déçus par la vie, des hommes rayonnant d’ambition et d’autres rongés par la même chose. J’ai vu des enfants qui croyaient au Père Noël, des flagorneurs prêts à tout comme à rien, des amoureux de leur travail, des planqués, des partants et des partis. Bref tout le monde était là, attendant le gentil consultant et son équipe pour le meilleur et pour le pire. Dans ce contexte qui se soucie de mes états d’âme ? Ne suis-je pas l’insensible consultant aux yeux bleus comme je l’entends un jour dans les couloirs. Ah ! les bruits de couloirs ! Ils font partie de la culture des entreprises françaises et les activités de service les reproduisent abondamment. A mon avis dans l’industrie, les hommes travaillent à basse température car ils sont séparés par des machines et des produits.
Dans le commerce, il ne reste plus que les produits, les distances sont plus courtes et les climats plus chauds. Dans les services, il n’y a même plus de produit, les hommes sont au contact et sous tension. Ils travaillent à haute température et sur le client lui-même. Alors c’est directement les tropiques ! A nous les petits états d’âmes gonflés par les bruits de couloirs et gare au cyclone.
Ces deux clients France Télécom et le réseau des Caisses d’Epargne vont une fois de plus me permettre de visiter la France. Pardon, les chambres d’hôtel, les aéroports, les autoroutes et les restaurants. Vivement les vacances, le calme, le silence, les horaires fixes et surtout ma femme et mon fils.
Je me répète, mais le métier est passionnant, peu routinier et nous oblige à progresser en permanence.
Un colloque en partenariat
Un samedi matin en fouinant dans la librairie technique Lavoisier, de la rue du même nom dans le VIIIe arrondissement, je découvre un livre écrit par un professeur d’économie de l’Université de Montpellier. Il traite de la veille technologique pour les entreprises. C’est Face à un environnement de plus en plus concurrentiel complexe et incertain, le nouveau management permet à l’entreprise d’échanger rapidement et efficacement de l’information avec son environnement. L’enjeu n’est pas de s’adapter à un environnement relativement stable mais d’anticiper les changements pour prendre des décisions pertinentes dans des délais très courts.
L’entreprise communicante : un organisme vivant qui assure sa survie par des échanges complexes d’informations avec l’extérieur. Ceci concerne toutes les fonctions de l’entreprise : le marketing « phare » de l’entreprise à l’écoute des clients, les achats en prise avec les fournisseurs en termes de performances et de choix technologiques, les équipes techniques qui se préparent aux évolutions technologiques. La gestion des flux d’informations est donc de plus en plus décisive. Alors j’achète ce livre et dans ma tête un séminaire vient de germer. Je pense à réunir des patrons d’entreprises et de l’informatique pour traiter de deux problématiques complémentaires : La veille technologique et la stratégie d’entreprise et de l’informatique. J’élabore rapidement une esquisse de brochure parce que je souhaite réaliser cette journée de séminaire en collaboration avec le Centre de Perfectionnement aux Affaires (CPA) filiale de la Chambre de Commerce de Paris. Contacts pris, l’idée séduit. « Yaca Faucon ». Toute la logistique est assurée par le CPA . Je dois malgré tout trouver des conférenciers dont mon fameux professeur d’économie. Après plusieurs appels téléphoniques, celui-ci est heureux d’intervenir devant des chefs d’entreprises et accepte de venir à Paris tous frais payés. Ce séminaire est très rentable et sera reproduit une fois, compte tenu de son succès. Un temps, l’autodidacte a envisagé de suivre les cours du CPA, mais face au travail supplémentaire qu’impliquent les cours, j’ai renoncé.
Le triangle des Bermudes
Il est constitué par Paris, Oyonnax et Barcelone. A Oyonnax se trouve le siège de la société Grofillex et je conseille alors Mr Grofillex, dans l’informatisation de sa société. C’est le type parfait du bon paysan, solide, réfléchi qui sait poser les bonnes questions et s’entourer de responsables performants. Ma mission se déroule sur neuf semaines à raison de deux jours par semaine.
Grofillex a été créé en 1927 par les frères Grofillex et aujourd’hui emploie 1 200 personnes. Cette entreprise internationale est présente dans plus de 100 pays, avec trois centres de productions importants. Un en France pour l’Europe, un autre aux Etats-Unis pour l’Amérique du Nord et le troisième en Russie. Il conçoit, fabrique et pose des menuiseries de fenêtres, des volets et des portes en PVC pour l’habitat collectif, les maisons individuelles et les immeubles de bureaux. Il fabrique et commercialise également des meubles de jardin. J’aurai beaucoup de plaisir à travailler avec monsieur Grofillex. Celui-ci me fait penser à monsieur Biron, notre constructeur de maison en Vendée. Ces deux hommes, possèdent de fortes convictions, ont une grande culture paysanne et physiquement se ressemblent.
Puis je rejoins Paris, saute dans un avion pour rejoindre la Compagnie des Eaux de Barcelone, je réalise un audit d’orientation de l’informatique sur les trois jours restants mais d’une durée de huit semaines. Plus tard, j’aiderai les personnels de cette compagnie à revoir leurs processus pour mieux répondre aux besoins des clients et prospects. Les Espagnols sont coopératifs et l’encadrement parle un français impeccable. Les documents que j’examine sont rédigés en espagnol, sauf un auquel je ne comprends rien. Alors je crie au secours ! Avec un très grand sourire, le directeur général m’apprend qu’il est rédigé en catalan. Il me fournit alors le même en langue espagnole.
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