Approche du concept d’identité
A la question « qui es-tu ? », un être humain peut répondre en choisissant entre trois niveaux de réalité. Il est un représentant d’une espèce distincte du règne vivant, un acteur inscrit, dans un temps donné, dans des actions qui l’impliquent dans une série de cercles sociaux et enfin une personnalité singulière en temps qu’être unique.
Cette question du « qui-suis-je? » intéresse donc tout un chacun et c’est sans doute la raison pour laquelle de si nombreuses sciences s’y sont intéressées.
La biologie, qui étudie la vie, les êtres vivants et des lois qui les régissent. Cette science va nous renseigner sur les cellules de notre être biologique.
La sociologie qui cherche à comprendre l’identité des groupes et classes sociales et les mécanismes qui régissent la société en se basant sur les faits sociaux.
La psychologie qui va nous aider à comprendre le sentiment d’identité qui nous habite ou qui fait défaut. La psychologie (et la psychiatrie) cherchent aussi à définir des « classes » d’identité repérables que l’on appelle aussi « types de personnalité »
La philosophie: Parce qu’il n’existe pas à ce jour de définition précise et consensuelle de la philosophie, on peut néanmoins tenter de répondre que c’est un ensemble de conceptions portant sur les principes des êtres et des choses, sur le rôle de l’homme dans l’univers, sur Dieu, sur l’histoire et, de façon générale, sur tous les grands problèmes de la métaphysique. Donc qui essaie de répondre à ce que nous sommes collectivement et personnellement en temps qu’être associé au monde.
L’archéologie, l’ethnologie ou l’anthropologie qui nous aident à entrevoir ce que nous avons été et qui nous éclairent sur ce qui restent en nous de l’histoire par l’étude de nos traces et nos coutumes.
La théologie qui cherche à savoir à partir tes textes sacrés « qui est Dieu ». c’est l’étude de toutes les sciences qui permettent de mieux connaître l’homme, auquel Dieu se révèle.
Sans compter l’ensemble des nouvelles sciences issues de la neurobiologie ou sciences neurocognitives pour comprendre les mécanismes du fonctionnement du cerveau.Cette liste est loin d’être exhaustive, chacun peut appréhender la complexité de ce que recouvre le terme de l’identité. Ce concept détient un paradoxe intangible qui oppose le singulier/différent et le collectif/semblable.
1/Le processus en jeu est une sorte de « réflexion en l’autre« , une identification à l’autre.
2/l’identité comme caractère de l’unicité : mon identité est ce qui me rend unique, ce qui m’individualise par rapport à l’autre.
D’où la complexité du concept car les deux termes qui définissent l’identité sont opposés et pourtant inséparables. C’est un équilibre qui doit s’établir entre les deux pôles, entre d’une part ce qui me rend semblable et d’autre part ce qui me rend unique.
L’identité est évolutive. Elle se construit et se transforme. Même si certaines caractéristiques physiques et physiologiques sont données à la naissance (tel le sexe, la couleur de peau et des cheveux) elles sont soumises à notre lieu de naissance et au cadre culturel où on grandit. Ces différences d’appréciation et de représentations affectent de fait notre identité. Notre identité va également être soumise à l’échelle du temps et des tendances sociétales. De même divers évènements peuvent nous amener à retravailler notre identité mariage, naissance, rupture etc )
L’identité n’est pas une réalité intangible. On ne peut pas la trouver une fois pour toute, elle effectue un travail perpétuel de construction sur le regard que l’on se porte à soi même. La perception ou représentation de soi c’est l’image globale de ce que l’on sait sur soi-même. Mais l’individu n’a pas accès à tous les aspects de son identité et la conscience de soi s’ajoute au concept d’identité. Des problèmes identitaires peuvent survenir quand un trop grand écart s’établit entre la représentation de soi et la conscience de soi, toutes deux régies aussi par l’inconscient.
L’identité d’un individu est tout sauf une somme de caractéristiques extérieures, organisée avec une constance mécanique, ni l’adhésion stricte à un contenu invariant et figé. L’identité est une dynamique impliquant le changement dans la continuité et une adaptation permanente aux divergences qui nous traversent. Il serait si simple de ne gérer que notre identité singulière, à travailler sur notre unicité.
Mais l’homme est un animal social qui se confronte aux autres en permanence. Son identité sociale comprend les attributs qui se réfèrent à des catégories sociales classant les individus en groupes jeune, étudiant, femme, cadre, père, retraité, issu de l’immigration, actif, etc. C’est souvent une identité « prescrite » ou assignée, dans la mesure où l’individu n’en fixe pas (ou pas totalement) les caractéristiques.
Je cite pour conclure, un article de Pascal Fugler, commentant l’excellent livre de J-C. Kaufmann, L’invention de soi. Une théorie de l’identité, Paris, Armand Colin/SEJER, 2004.
« On retrouve d’un côté une identité holiste, assignée, où l’individu, assujetti « à des principes supérieurs » n’est que la personnification d’un rôle ou d’une fonction symbolique ; il est « dirigé d’en haut».
De l’autre côté, on retrouve une identité individualiste, à travers laquelle « chacun se [sent] créateur de lui-même » (p. 153), chacun s’invente à partir d’un matériau sociologique (la mémoire sociale, les interactions) convoqué en tant que ressource et faisant l’objet de négociations, de bricolage. »
Chacun l’aura compris, chacun de nous est emprisonné dans une dualité de fait. Seul l’équilibre admis, assimilé entre le pôle de notre être singulier et le pôle de l’acteur social que nous sommes tous, est la voie pour vivre pleinement notre existence d’humain.
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