Quelques notions sur le pouvoir

L’étude de la notion de pouvoir

Dans le cadre de mon métier, je rencontre beaucoup de personnes, je les écoute avec bienveillance comme il se doit. Les biographies se résument souvent à retracer son histoire en gardant le meilleur pour la transmettre. Un nombre de plus en plus important de personnes n’attendent pas de voir le crépuscule de leur vie pour écrire leur parcours de vie, qui est souvent un passage à la conscientisation de leurs maux. Pendant cet exercice de retour sur soi, je remarque que beaucoup se sentent emprisonnés par des sentiments altérés de leur liberté, de leurs choix…J’ai donc voulu, simplement, sans avoir la prétention de faire un cours psychologie sociale apporter quelques clés de compréhension sur la notion de pouvoir.
Quelques références  pour étudier le pouvoir individuel

La Boétie :
Le pouvoir est selon lui, la capacité de se faire obéir sans avoir recours à la force. Mais le pouvoir n’ existe que parce que ses victimes sont complices. Pourquoi se soumettent-ils ? Parce que chacun voit dans son tyran une image de ce qu’il voudrait être.

Michel Foucault
Il décrit le pouvoir comme le matériau de base de toute relation humaine. C’est un ensemble de rapports de force, régis par toute interaction entre les individus et qui tisse l’ensemble de la vie sociale.

Dahl
Il pense qu’un individu exerce toujours du pouvoir sur autrui et dans la mesure où il obtient de ce dernier des comportements, des actions, des idées qu’ il n’aurait pas eu sans son intervention. Le pouvoir n’est donc pas concentré mais diffus et que toutes décisions découlent d’un processus complexe d’ajustements permanent de conflits entre des personnes et des groupes aux intérêts pas toujours convergents.

Tout savoir établi est  un vecteur de pouvoir qui s’exprime partout sous forme de règlement, injonction, disciplines, programmes. Il s’agit de canaliser une énergie potentielle  pour produire  de l’action.

 L’autorité et la légitimité du pouvoir

 L’autorité est assimilée à un pouvoir devant lequel on s’incline par crainte ou par respect sans que son détenteur n’ait à employer la force
La légitimité de cette autorité, de ce pouvoir s’élaborent sous trois formes principales :

  • La légitimité sacrée ou guerrière, héritée des temps anciens, fondée sur la force armée des chefs et des rois
  • La légitimité étatique et scientifique qui s’est emparée du pouvoir civil et politique dans les nouvelles sociétés « modernes » depuis la Renaissance
  • La légitimité rationnellement négociée, qui va de pair avec l’individualisation massive de nos sociétés contemporaines où chacun peut négocier ses compétences.
    Cette lente transformation de l’exercice du pouvoir et de sa légitimité entraîne la difficulté de la reconnaissance de l’autorité qui aujourd’hui s’établit de manière aléatoire selon les compétences des individus et qui fait l’objet de négociations permanentes.

 L’influence

 C’est une action exercée par une personne sur une autre qui entraîne chez cette dernière un changement d’attitude, d’opinion et qui diffère sa façon d’agir. L’influence donc est une forme d’emprise.
On voit que la notion d’influence a une frontière très étroite avec la persuasion et l’argumentation.
En psychosociologie on réserve le terme d’influence quand il s’agit de l’étude des modifications entraînées chez un individu ou un groupe d’individus qui sont exposés aux jugements et aux opinions d’autrui. Ces études cherchent à comprendre pourquoi et comment les gens changent leurs idées ou comportements sans qu’il y ait obligatoirement une volonté d’infléchir une décision ou un choix de la personne qui exerce son influence. On trouve quelques éléments de réponses dans les études menées :

  • La motivation, réponse  immédiate qui incite à se conformer à l’opinion générale attendue : besoins affectifs, d’approbation, cohérence interne, uniformité, norme sociale…
  • L’apprentissage qui prend en compte les expériences passées, les habitudes acquises par l’imitation et le conditionnement à son environnement social.
  • Les réponses cognitives où le consensus devient une réponse logique quand un désaccord entraîne un problème complexe cognitif à résoudre.

 La domination

 C’est ce qui désigne une relation de maître à esclave , de sujet à objet, où la relation  de pouvoir n’est pas réciproque. Le dominé, même dans une domination basée sur une action « morale » ou « spirituelle » vit le rapport comme une violence qui lui est faite.
La domination entraîne la soumission, marque de maîtrise absolue dans le règne animal des dominants sur un territoire, sur ses congénères et un accès privilégié aux femelles.

 La liberté d’agir ou la soumission librement consentie

Ce n’est pas parce qu’une personne est  libre d’agir qu’elle agit  librement. Parce qu’elle se conforme à ce qu’on attend d’elle. Et même si après avoir plié à une consigne qui ne correspondait pas à son aspiration profonde, cette personne trouverait des arguments pour justifier son action.

La liberté peut se résumer à assumer les actes que nous avons pu refuser.

Les notions de pouvoir sont donc très complexes et il s’agit ici de vous montrer en peu de mots la complexité des ces notions et surtout comment ces notions impactent nos vies au travers de nos actes quotidiens. Réfléchir à ces notions ne tend pas à nous rendre plus savant car nous n’avons fait qu’effleurer un sujet difficile et complexe, mais bien à prendre conscience que nos choix sont intimement mêlés à notre capacité à nous affirmer sans toutefois être à notre tour imbu de pouvoir sur autrui.

Puisse ce petit texte vous éclairer et n’hésitez pas à témoigner de votre expérience propre en me laissant un commentaire
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