biographie Valerie Jean

Récit de vie « Enfin MOI »

 « Enfin MOI » Biographie

dessin femme

Ce travail a été mené grâce à une vingtaine d’heures d’entretiens, une cinquantaine d’heures d’écriture et huit de  heures de réalisation pour la couverture.

Le récit de vie d’une jeune femme qui va à la recherche de son identité au travers de son histoire réalisant qu’elle ne vivait jusqu’à présent pas en accord avec elle même. Un travail d’investigation mené avec courage pour retrouver la petite fille qu’elle a été et non celle qu’elle croyait être à force d’interprétations occultant la réalité. Cette réconciliation lui vaudra d’être « Enfin elle même », source d’une puissante foi en l’avenir.

Extraits du récit de vie du livre « Enfin MOI »

Préambule
Le désir de clarifier ma vie et d’en écrire le récit s’est fait brutalement à la suite d’une rupture amoureuse qui m’a bouleversée.
Cet épisode malheureux de ma vie, où j’ai beaucoup souffert, m’a permis, au bout de deux ans, de prendre conscience de tout ce qui me retenait de vivre pleinement mon existence.
Mon cheminement s’est fait douloureusement avec l’angoisse de découvrir qui j’étais réellement et d’abandonner ce que je croyais être mon identité.
Quand j’ai commencé à ouvrir ma porte intérieure, d’écouter mes sentiments profonds et surtout de chercher à  comprendre ce qui m’empêchait d’être heureuse et sereine, j’ai pu avancer.
J’ai réalisé qu’une bonne partie de mes blocages, de mes freins  venait de blessures héritées de  mon enfance alors que, paradoxalement, j’ai eu la chance d’avoir une enfance heureuse.
C’est cette contradiction qui sans doute est la source de mon mal être. Aujourd’hui, je suis fière du travail que j’ai accompli et je souhaite par ces lignes aborder mon expérience, non en livrant uniquement les représentations négatives que j’ai forgées toutes ses années mais bien retracer mon chemin avec  les souvenirs heureux et douloureux, joyeux et malheureux.

Évocation de mon enfance

Toujours est-il que moi, très jeune j’ai  assimilé ce qui était permis et ce qu’il ne l’était pas. Je me suis conformée à ce qu’on attendait de moi. J’ai donc su  éviter les punitions.
Mais j’ai intériorisé ce sentiment de ne pas intéresser mon père, lui que je voyais préférer regarder la télévision que plutôt partager ce moment avec ses enfants. Sans doute sur une enfant moins émotive ce détail aurait pu être oublié, digéré mais moi je l’ai interprété et j’ai gardé le sentiment de n’être pas digne d’intérêt.
Aujourd’hui, je suis capable de comprendre et de faire la part des choses et de penser que mon père, comme beaucoup d’hommes de sa génération était simplement autoritaire et cherchait dans ses moments de repos le calme après une journée harassante de travail.
C’était un personnage solitaire et généreux, s’occupant de l’entretien, du jardin dont il tirait des légumes frais pour la maisonnée. Il y passait beaucoup de temps et d’énergie. Il était fier de son jardin et content de nous apporter ses salades, ses pommes de terre, ses tomates et tout ce qui pouvait pousser…

Noël était pour moi une période magique, remplie de bonheur et de partage et en fermant les yeux, je me revois avec mes parents en train de  tout préparer et le sourire éclairait tous les visages. La veille, nous commencions à préparer la fête. Nous mettions une clémentine et un café pour le Père Noël.
Le lendemain matin, nous attendions le signal de notre père, qui était de tousser. Dès qu’on l‘entendait,  hop c’était parti, nous pouvions enfin  nous lever pour découvrir nos cadeaux.
Mes parents n’avaient pas beaucoup de moyens mais nous avions tous un cadeau qui correspondait à ce que nous souhaitions. Pour moi c’était  quelquefois des poupées ou un gros baigneur, ou encore une Barbie avec tous ses accessoires.
Je me souviens qu’avant Noël, ma mère habilement m’interrogeait quand nous parcourions les allées d’Intermarché pour savoir quelle poupée me plairait. Dans ma naïveté, j’étais toujours autant transportée de joie de découvrir la poupée rêvée dans son emballage.
Mais un jour, trop impatiente et incapable de rester seule sans ma mère, comme souvent, je tambourinais, en pleurant,  à la porte où ma mère s’était enfermée, voulant à tout prix qu’elle m’ouvre. Elle voulait simplement me faire une surprise et s’était cachée pour confectionner un manteau rouge à la poupée qui me serait offerte le lendemain !
Par la suite, Noël a perdu de son charme et à cause de mon mal être, je n’arrivais plus à voir les signes de la fête  et je me focalisais sur ma solitude.

Maman m’avait dit que je n’étais pas désirée et je n’ai jamais réussi à éliminer de moi le sentiment de rejet que j’ai éprouvé durant toute mon enfance.
J’ai ancré des phrases dans mon inconscient comme «  J’ai même sauté sur la table pour te perdre » qui malgré tout l’amour que je lui porte, ont été une blessure pour moi.
Cela a eu un impact très fort dans ma personnalité. Je cherchais l’amour de ma mère coûte que coûte et sans m’en rendre compte, j’ai adopté des attitudes négatives qui ont perturbé ma capacité à grandir.

Comme je l’ai abordé plus haut, je me sentais également dévalorisée dans la compétition scolaire que je subissais à l’école et au collège, d’autant que mon frère était très brillant.
Plutôt que de me battre, pour prouver que j’avais des capacités, je me suis enfermée dans un laxisme salvateur qui me permettait de ne plus être en compétition. Si à l’époque cela m’a servi, cela a été préjudiciable dans la construction de mon identité jusque très tard dans mon évolution.
Au moment où j’écris ces lignes, libérée de mes représentations, je suis allée vérifier mes bulletins scolaires et j’ai eu le plaisir de voir que j’étais une bonne élève, loin du sentiment de nullité que j’avais gardé.

Quand je me remémore tous mes exploits, je réalise que j’étais finalement volontaire et curieuse dès que je sortais de la sphère d’influence de mes parents qui impactaient beaucoup ma vie. Quand j’ai voulu faire de la gym car j’adorais faire le roue et autres figures  dans la pelouse avec Delphine, je me suis pliée à l’autorité de mes parents qui ont refusé que j’en fasse.

Petite, je la suivais partout et je ne décoinçais pas de ses jupes, comme elle avant, avec sa propre mère.
Dernière de la fratrie, j’avais incorporé les règlements, les comportements qui évitaient d’avoir des ennuis. De plus, à la recherche permanente d’affection, je m’obstinais à quérir l’attention de ma mère et à lui plaire, ce qui a sans doute induit une attitude servile de ma part, qui a sans doute exaspéré, à certains moments mes frères et sœurs.
L’image de la petite sœur qui a tout facilement s’est greffée sur celle de  la petite sœur qui se débat pour exister.
Enfin, étant restée la dernière assez tôt à la maison, j’ai été certainement plus gâtée mais aussi plus seule, abandonnée au sort d’être la confidente de ma mère qui ne m’épargnait rien de ce qu’elle vivait et qui savait me faire payer chèrement quand je m’écartais de la conduite qu’elle avait décidé pour moi.
Très jeune je me suis identifiée à ma mère, copiant son fonctionnement comme de nettoyer fébrilement la maison avec les mêmes gestes qu’elle.
Paradoxalement, mon état de petite fille, soumise à l’amour de sa mère, m’a donc fait devenir la confidente qui malgré moi, allait prendre une place qui n’aurait pas dû être la sienne : celle de ma mère.

Au delà de l’amour que je porte à mes parents, à mes sœurs, à mon frère, amour inconditionnel, j’ai senti le besoin d’être moi en dehors d’eux.
Je me suis aperçue que je n’existais qu’à travers leur regard et que j’étais emprisonnée par ce qu’ils avaient fait de moi : une petite fille qu’il fallait sans cesse aider, conseiller parce qu’elle ne pouvait pas s’en sortir seule

Prise de conscience

Pourtant quand je regarde mon histoire, quand j’analyse les faits, aujourd’hui il n’est plus question d’interpréter le sens de ma vie de cette façon simpliste car les faits parlent bien différemment.
Bien sûr de prime abord, il est aisé de trouver de nombreuses situations qui corroborent cette version mais quand on regarde les faits, une autre lecture apparaît.
Tout d’abord, je n’ai pas eu besoin de l’aide de quiconque  pour assurer mon avenir et ce depuis que j’ai été en âge de m’assumer. J’ai été capable de vivre seule très jeune et d’être indépendante financièrement, ce qui dénote une capacité à être émancipée.
Puis quand, je suis restée seule avec mes parents alors que mes sœurs et mon frère étaient partis, j’ai assuré chacun des épisodes dramatiques de l’histoire de mes parents en portant le quotidien, le stress, le soutien qui leur était nécessaires.

Aujourd’hui, je suis fière de moi, fière d’avoir tenu la barre, souvent seule pour aider mon père et ma mère à vivre au quotidien. Ma présence à leur côté contredit explicitement que j’étais finalement loin d’être la petite fille perdue et gâtée qu’on se plaisait à voir en moi.
Je ne nie pas que mon caractère effacé, ma timidité maladive et mon retrait facile de toute controverse ainsi que l’acceptation à ce que mon père prenne en charge l’entretien de ma maison ou de mon jardin ait  pu faire croire que je ne décidais de rien, que j’avais besoin des autres…Pourtant à l’analyse de la période où j’ai vécu le fardeau de la dépression de ma mère, de l’accident et de la maladie de mon père, j’étais debout face aux évènements et je les ai assumés.

J’ai conscience de n’être pas au bout de la longue voie  de réconciliation avec moi même et mes proches mais je sais que la décision d’être sereine me porte et m’engage vers le chemin d’amour et de bien être que je me suis fixé.
Les changements en moi ont commencé à porter leurs fruits et par là même ont entraîné dans leur sillage une évolution chez ma mère.
Ma relation très complexe avec elle, basée  jusqu’alors sur une dépendance affective et un chantage à peine voilé, se révèle aujourd’hui  comme une relation adulte, de femme à femme. La petite fille d’hier a laissé la place à une jeune femme assumée par ses choix et sa volonté d’aimer sa mère sans se laisser enfermer dans une relation dévalorisante. La progression s’est faite naturellement sans heurt parce qu’elle a accepté qui j’étais et parce que j’ai su être moi même face à elle.

Je me suis retrouvée oui mais… Après quelques semaines de regain d’énergie incontestable, après les heureuses rencontres, après le charme du sourire et du rire retrouvé, je suis donc face aux grandes décisions. Et là Valérie décèle que je dois encore creuser !
Creuser encore l’image de la petite fille. Car certes on a bien ressuscité la femme, dans toute sa plénitude, dans sa capacité à conduire sa vie mais où est Anita ? Dans ma tête Anita est toujours une petite fille triste, moche, discrète, seule, obéissante…
Alors je suis repartie en quête de mes souvenirs d’enfance mais cette fois en demandant à ma mère de parler de moi.

J’ai pu grâce à cette interrogation voire combien j’avais interprété mon enfance et combien je m’étais réfugiée pendant toutes ces années dans une fausse image d’Anita. J’ai aussi pu glaner des souvenirs oubliés, passés au second plan alors qu’ils éclairaient de façon éclatante le bonheur qui m’avait été donné.
Les images défilent dans ma tête et je m’aperçois que je suis pleine de souvenirs heureux, partagés avec mes parents qui ne s’économisaient pas pour nous faire vivre des moments de fête, de spectacle, de jeux, de balades.
Je suis remplie de leur amour, de ces moments de bonheur simples et joyeux que j’avais occultés, ne retenant que la grisaille du quotidien.

 Epilogue

 Ce cheminement intérieur m’a fait me réconcilier  avec la petite Anita qui a croqué la pomme de la vie comme toute les fillettes du monde.
Aujourd’hui, j’arrive au bout de mon manuscrit, fière d’avoir été au bout  car comme dit Valérie, ce travail c’est moi qui l’ai mené !

 Ce livre est une étape importante et sans doute, plus tard, j’aurais le souhait de transmettre, forte de nouvelles expériences bienheureuses, le message qu’aimer, vivre avec authenticité et simplicité est la meilleure voie pour atteindre le bonheur si convoité.

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