Ma réaction face au séisme du vote européen
Trois jours après ce jour néfaste que les politiques ont qualifié sur toutes les chaînes de télévision de SÉISME, je m’interroge.
Je regarde les commentaires sur les réseaux sociaux qui égrennent au fil des mots la culpabilité de ceux qui ne se sont pas déplacés, le désarroi de ceux qui avaient pensé faire ce qu’il fallait et en grande majorité le silence des personnes qui ne croient pas à la fatalité et qui savaient dans leur fort intérieur que ce vote serait une catastrophe.
Mais à l’échelle du temps: n’est-ce pas qu’une vaguelette?
Non pas que je veuille minimiser l’impact négatif de cette engagement nauséabond mais n’y a-t-il pas dans notre longue histoire humaine une chaîne d’évènements plus imposants, plus significatifs, plus révolutionaires que cette vague de ressentiments tellement prévisible…
N’est-on pas nous, parents responsables d’un tel désengagement de nos enfants?
Ne sommes nous pas chacun enfermés dans un fatalisme égoïste et consumériste car que compte nos actions pour la majorité d’entre nous?
Avons nous tous été convaincants, avons-nous osé échanger sur l’importance de ce vote auprès des autres, non pas ceux qu’on désigne du doigt dans les médias, pauvres boucs émissaires en clamant c’est pas nous les méchants mais eux ? Qu’avons nous affirmé auprès des nos proches, de nos relations, de nos connaissance ? A-t-on pris la parole avant ?
Je ne crois pas. Nous avons mollement démissionné de notre devoir d’échanges, de parole la laissant lâchement aux politiques sur qui, beaucoup d’entre nous, nous nous reposons.
Non pas qu’ils soient tous innocents, intègres mais les affubler de tous les maux est à mon sens trop facile.
Je salue ces hommes et femmes qui sacrifient du temps au bien commun. Je rends hommage à leur courage d’être sous les feux des projecteurs en permanence pour s’occuper d’un espace public miné. Miné par les médias, par les adversaires, par les crocs en jambe…
Car n’en doutons pas, le politique est impuissant aujourd’hui. Il est instrumentalisé par les puissants et ceux-ci ne se risquent pas à sortir de l’ombre…Tapis derrière leurs machinations monstrueuses et pragmatiques ils dirigent le jeu.
Nous avons laissé la place, dans notre quotidien de citoyen, à la gangrène d’une société où la franchise n’est plus de mise, où ouvrir l’autre à la raison, à l’information pour qu’il soit moins ignorant de la réalité du monde est une nécessité,, où s’assurer que la complexité de nos sociétés est comprise.
Le combat à mener est journalier pour éveiller l’autre à la bienveillance, la tolérance. Ce sont dans nos actes quotidiens qu’on doit redresser la barre. C’est dans nos échanges de tous les jours qu’on doit convaincre que ce qui passe à la télévision est souvent exempt de réalité. Partager l’expérience qu’on a de la richesse de tous les peuples, de toutes les cultures envers ceux qui n’ont pas côtoyé d’étrangers.
Comment ne pas rire de cette situation où l’étranger est montré du doigt? Mais qui n’est pas étranger ????
Ce beau pays qu’est la France, n’est-il pas composé dans sa majorité d’étrangers quand on connait l’histoire?
Qui n’a pas dans sa généalogie un étranger?
Je me sens lasse et pourtant je ne peux m’empêcher de croire à l’inverse de Hobbes que l’homme est foncièrement bon. Je ne peux m’empêcher de croire que ce mal est nécessaire pour que les hommes se resaisissent. Que ce choc est peut être salutaire pour qu’un autre chemin soit pris…
Personne et tout le monde est responsable de ce triste jour.
Que chacun en conscience se dise et si vivre ensemble était possible parce que je veux le bien de mon voisin, de mon ami, de mon frère.
Pour aucun de nous c’est facile et pour moi, affublée des mêmes défauts que vous tous, cela ne l’est pas plus….
Mais je suis fière de moi quand j’arrive à convaincre une personne de mon entourage que chaque personne est autres chose qu’une catégorie qu’on range dans la boîte de nos préjugés.
Chacun peut par un humanisme éclairé démonter la machine de la haine.
Je suis triste et face au combat, je dois, comme nous tous, prendre mon bâton de pèlerin pour lutter contre l’ignorance, la mienne et celles des autres.
Je vous souhaite à tous et à toutes une belle journée.