Le journal de bord

JOURNAL DE BORD

 

first 41, croisièreSortie 24/04/1998/14h30/bateau First class 8 Equipage/ Cl2o chef de bord et 4 équipiers
Vent 2/3 B / Sud
Marée basse mer 9h01
Pleine mer 15h30

Après un apprentissage rapide, nous prenons la mer direction La Rochelle.

3ème jour de navigation
Nuit désastreuse pour mes neurones mais on ne va pas baisser pavillon….alors on s’accroche.
Le bateau nous attend, nous les voileux débutants avec des termes techniques qui sortent des oreilles, des scintillements de plaisir et de soleil plein les yeux. Des souvenirs de manœuvres  plein la tête mais tout cela est trop confus.Cléo nous délivre d’un poids d’ignorance fatale par des explications patientes mais déterminées.
Je commence à comprendre comment vogue un bateau. Le brouillard se lève. Bien sûr les zones d’ombre sont encore nombreuses mais je comprend- et ça c’est une chouette sensation.

Pour inaugurer nos nouvelles connaissances, Cléo nous laisse appareiller le First tous seuls. Bon, bref regard à mes coéquipiers qui sont déjà sur la grand voile. Pas de problème je m’attaque au montage du gênois…..Mais…. mais voilà je l’avais vaguement entraperçu le premier jour et c’était loin.

La glissière boudinée m’éclaire soudainement : « les couilles du chat » ma mémoire avait gardé intact cet élément d’accastillage incontournable. Ah les bonnes vieilles images qui marquent!
Puis….Puis j’ai pataugé pour la suite du montage. Cléo sans concession m’a laissé me débrouiller pour que mon esprit chemine seul vers la solution, simplement en mettant des rails de guidage à mes gestes pour que mes idées s’ordonnent. Oh merci grand chef de bord….

La météo n’est  pas mauvaise : Vent sud – Même schéma pour sortir du port sauf que Cléo me demande de barrer pour sortir.

Petite panique où tous les bateaux amarrés deviennent des monstres immobiles prêts à cogner le pauvre petit bateau que je dois mener vers le grand large. « Dis tu restes –là !! » Je lance cette prière implorante pour que Cleo n’aille pas se promener en dehors du périmètre dévolu au barreur.

Après un moment de doute sur ma capacité à driver correctement ce seigneur des mers, en tout cas pour moi, notre First se faufile sans embûche jusqu’à la sortie du chenal.

Vent arrière : première manœuvre d’empannage.

« Sois plus souple à la barre » me lâche le capitaine.

Et oui car contrairement à une voiture, il faut prendre en compte l’inertie du bateau… Inertie quel joli mot ou une jolie formule \boldsymbol f_{\rm i_e}= - m \boldsymbol a_e

Bref un truc qui fait que le bateau continue sa course…une espèce de temps mort qu’il faut anticiper…!

First 41, voile croisièreIl est temps pour moi d’apprendre à changer de bord sans me tourner pendant l’exercice, c’est-à-dire de passer la barre dans mon dos tout en faisant faire au bateau une arabesque harmonieuse. Facile à dire mais je n’évite pas à mes coéquipiers la danse de Saint gui pour garder leur précaire équilibre!

Turn-over : je passe la barre et prends le chariot de la grand voile, en délivrant mes instructions au nouveau barreur. Ma nouvelle mission, si je l’accepte (mais je n’ai pas le choix mon capitaine) sera de border très vite l’écoute de grand voile pour ramener la voile au milieu du bateau et choquer dès que le vent s’engouffre dans les voiles après l’empannage.

Cela me paraît fastidieux….Et bien non, cela libère mon énergie qui dort au fond de mes entrailles : cela marche.

Puis vint le poste de surveillant de bass tag : bascule, balance, équilibrage, vases communicants……..jargon « voilesque » par excellence.

Une séance d’exercices mentaux dirigés : sortez vos cerveaux : Cleo lance des questions et à nous de poser des degrés, des directions, des allures. « Nommez des observables » et oui en mer on parle d’observables… Des détails que l’on peut voir qui sont des repères pour la navigation…et ce jusqu’à épuisement des troupes.

Nous passons au près et virement de bord, je reprends la barre et me fait surprendre par le vent. Je fais une chorégraphie avec le First style attitude coque en l’air !

No problemo les coéquipiers s’ennuyaient……Cleo rebondit  sur la situation et nous fait une démonstration magistrale sur la stabilité du First class 8. Il ne chavire pas mais se couche ! No comment !

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