La liste, un premier acte d’écriture
Lister les provisions pour aller faire ses courses , c’est déjà écrire.
Car la pensée s’organise pour classer la pensée. La liste est la première opération qui entraîne l’esprit vers des opérations plus complexes, visant à organiser notre pensée et nos actions. En ce sens elle a beaucoup plus d’importance que l’on se l’imagine.
La liste comme nous l’atteste l’archéologie a été la base de l’écriture. En effet les textes les plus anciens montrent que les premiers textes étaient des inventaires administratifs ou économiques. C’était un moyen synthétique d’organisation de données éparpillées et confuses qui a permis de poser et de résoudre des problèmes, qu’on ne pouvait pas seulement traiter avec l’oralité; un moyen primaire d’organiser la pensée.
De multiples auteurs ne s’y sont pas trompés et on ne compte plus les écrivains célèbres qui ont joué avec la forme listée pour nous offrir des textes mémorables comme, pour ne citer que ceux-là Umberto Eco dans « vertiges de la liste », « des inventaires » de Prévert ou les catalogues obsessionnels de Georges Perec.
C’est pourquoi lister sa pensée est d’une grande importance quand on souhaite se lancer dans le projet d’écrire sa vie.
Car répondre aux questions simples :
- pour quoi,
- pour qui,
- comment je veux écrire constitue le démarrage essentiel d’un tel projet. Lister alors devient pertinent car comme la ménagère qui choisira les ingrédients nécessaires pour confectionner ses prochains repas, l’auteur, en fonction de sa liste, pourra organiser les éléments de la vie qu’il veut soumettre aux lecteurs et les différentes étapes pour y parvenir.
La liste est un commencement et la pensée est ainsi faite que comme dans un schéma heuristique, elle s’étoffe d’elle même, poussée à préciser, détailler, décrire et contextualiser. Si l’on prend le temps d’établir la liste des évènements, anecdotes, éléments de sa vie, on se rend vite compte que beaucoup de mots ont déjà été posés.
Il faut alors retourner au début de ce premier jet d’écriture et laisser dérouler sa pensée, les mots s’additionnent pour en faire des paragraphes, des chapitres, des pages et enfin un livre.
Dans ma pratique de biographe, je rencontre beaucoup de personnes qui ne se font pas confiance, qu’elles ne se croient pas capable d’écrire en quantité suffisante pour faire de leur histoire un ouvrage suffisamment conséquent.
Je leur offre un accompagnement léger, préconisant la méthode des listes, qui peuvent s’entrecroiser…Il n’est alors pas rare de voir les personnes s’emparer de l’écriture de leurs textes. Bien sûr personne n’est égal dans ce processus d’écriture: certains écriront assez vite et d’autres auront besoin de plus de temps et de relire les retranscriptions des entretiens pour compléter et accéder à l’écriture. Mon travail évolue vers l’étoffement des textes rédigés par mon client jusqu’à la phase finale où mon travail devient la correction et la restructuration du texte pour aboutir à l’objet livre.
Et je me réjouis de ce relais à chaque fois, pensant que chacun peut être l’auteur de sa vie, mon but principal étant l’émancipation des personnes, et qu’ils retrouvent l’estime d’eux même et la fierté d’avoir réussi leur projet d’écriture.
Alors je vous encourage à prendre la plume, pour décliner, les éléments de votre histoire:
- Les grandes dates
- Les premières fois
- Vos amis d’enfance, d’adolescence
- Vos plus vieux souvenirs
- Vos échecs et vos réussites
- Vos déménagements
- Vos formations, stages, productions,vos diplômes
Bref tout ce qui compose votre vie…cette liste n’étant pas exhaustive, servant simplement d’exemple car chacun peut créer ses listes, l’objet étant de commencer ce travail de mémoire et d’organisation.
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