Nouvelle tirée d’un de mes ateliers d’écriture
Voyage dans l’imaginaire
Tu ne me croiras pas chère Clara de ce que j’ai vécu quand je suis allée dans l’île artificielle dont je t’ai parlé la dernière fois.
Une grande statue, très grande statue vivante me fit lever la tête. J’ai su que j’avais réussi à passer le fleuve et à mettre pied sur GAI, terre inféodée, qui résiste à notre regard et nos questionnements.
Enfin j’avais réussi et j’étais face à une montagne de corps masculins émasculés qui se mouvaient imperceptiblement pour compter l’ombre du temps. Ils étaient une horloge géante et vivante.
Passée ma surprise, je tentai d’accrocher le regard d’un de ces hommes-horloge. Leurs yeux, superbement fardés de khôl noir, transperçaient mon visage pour aller se perdre dans l’immensité de l’horizon : je n’existais pas pour eux.
Tant pis, je me débrouillerais autrement. Je m’engageais sur des pavés reluisants qui changeaient de couleur et surtout tintaient d’une note légèrement métallique à chacun de mes pas. Je m’accoutumais à ce cliquetis quand, derrière moi, la répétition d’un air fleuri, nourri de notes légères, me fit tourner la tête.
Un très grand homme, fort, brun et velu, vêtu d’une ample chasuble moulante sur ses pectoraux et évasée à partir de la ceinture, était derrière moi. Sans m’interpeller, cette haute silhouette me suivait avec bienveillance et je devinais qu’elle n’était là que pour moi.
Son regard n’était pas indifférent, ni scrutateur simplement d’une attention bienveillante.
J’abordais alors un large virage qui me fit découvrir une ville haute, comme détachée de la terre et baignée d’une lumière rose pastel. Je m’arrêtai pour me réjouir de la beauté du paysage quand l’homme me dépassa, me caressa les cheveux au passage et sans plus aucun autre mot attrapa une fillette et la grimpa sur son épaule droite avant de se retourner vers moi.
Cest votre fille glissai-je à l’homme ?
Un regard vert transparent souligné de khôl me déposa des étoiles de gentillesse plein la tête et j’entendis la petite fille répondre : les hommes n’ont pas d’enfant, ils ont tous les enfants.
Nous avons tous projeté un mode imaginaire un jour. Quelle sont vos rêves? Racontez-moi dans un commentaire.
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