PANORAMA SUR L’HISTORIOGRAPHIE
L’historiographie: un mot barbare?
Cela paraît rébarbatif, mais ne nous plaignons pas car nos amis allemands étudient ce champ sous l’appellation : Geschichtswissenschaft (science de l’histoire) ou Geschichtsschreibung (écriture de l’histoire)….
Vous l’aurez compris, l’historiographie a pour objet l’étude de l’écriture de l’histoire.
Mais définir l’histoire est en soi encore un autre chantier…
Voir l’Histoire comme un « procédé de connaissances », un savoir faire artisanal soumis au contexte de la mise en écriture est primordial plutôt que la définir comme une science, devenue discipline universitaire, régie par des méthodes rigoureuses empruntées aux sciences dures. C’est pourquoi après un parcours déterministe ayant recours aux enquêtes quantitatives, l’histoire revient à l’analyse de son récit, prenant conscience que derrière chaque histoire il y a un homme écrivain avec toute la subjectivité inhérente à l’homme.
C’est pourquoi l’historiographie œuvre à situer les historiens dans leur temps, dans les lieux qu’ils occupent, dans les liens qu’ils fondent , dans l’environnement émotionnel qu’ils vivent.
L’Antiquité, le temps du récit
Période entre le VIème et IIème siècle avant JC
Dans l’Antiquité, les premiers à restituer les récits sont les logographes, (du grec logo /discours et graphô /écrire) comme Cadmos de Milet. Leur style diffère des poètes épiques troyens puisqu’ils adoptent la prose, style plus fluide à la compréhension. Ils se caractérisent par la volonté de raconter les récits et mythes fondateurs des cités ou des dynasties, s’attachant davantage à écrire une histoire épique, sans véritablement se soucier de la véracité des faits. C’est pour cela que par convention, on désigne logographes tous les écrivains de l’histoire antérieurs à Hérodote.
Hérodote (-484-425av jc) est considéré comme le père de l’histoire car c’est le premier à vouloir retranscrire les faits « véridiques », le mot histoire à l’époque désignait « une enquête ». Il commence d’ailleurs son œuvre « Histoires » par ces mots :
« Hérodote d’Halicarnasse présente ici les résultats de son Enquête afin que le temps n’abolisse pas le souvenir des actions des hommes et que les grands exploits accomplis soit par les Grecs, soit par les Barbares, ne tombent pas dans l’oubli ; il donne aussi la raison du conflit qui mit ces deux peuples aux prises. »
Il ne faut pas omettre que Hérodote est né en Asie mineure, au cœur d’une activité intellectuelle renouvelée avec une première vague de philosophes et au moment des guerres médiques où la Grèce va vivre des épopées héroïques contre les perses.
Reconnu par le monde scientifique comme premier mémorialiste d’évènements de son époque, corroborés par les résultats archéologiques, Hérodote est cependant décrié par certains de ses contemporains dont Aristote. Au fil du temps, on reconnaîtra aux écrits d’Hérodote une crédibilité grandissante même si son style est proche des envolées poétique de Homère qu’il admirait.
L’idée « de décrire les évènements au plus près » est lancée par Thucydide(-460-400av jc), premier historien reconnu. Il ne se contente plus de décrire un fait pour plaire à un lecteur mais bien de restituer un événement rationalisé par toutes les preuves irréfutables qu’il aura recueilli. Ainsi il élargit le récit à une analyse critique explorant les causes profondes de l ‘événement historique, en confrontant plusieurs sources orales et écrites. La narration est donc sobre, épurée sans commentaire ni anecdote. C’est un déroulé des faits qui démontrent l’épisode de la guerre du Péloponèse faisant s’affronter Athènes à Sparte pour laquelle Thucydide est engagé pour être au cœur de l’événement. Après l’échec de son commandement, il consacrera tout son temps et sa fortune, car il était riche, à voyager pour enquêter sur le terrain et se consacrer à sa tâche d’historien.
Avec Megasthène (-350-290 av jc), les textes s’élargissent à l’ensemble de l’environnement historique de l’objet qu’il étudie : la cour du roi indien Chandragoupta. Dans les quatre volumes de Indica, Mégasthène offre un large panorama de l’Inde : son histoire, son organisation politique et sociale, la géographie du pays et ses coutumes religieuses. Strabon et Arrien puiseront largement dans Indica les bases de leur travail. Mais l’œuvre de Megasthène n’a pas une dimension historique majeure au même titre que celle de Thucydide ou de Polybe.
Polybe (-210-202av jc), est le contemporain de l’expansion romaine sur tout le bassin méditerranéen. Témoin de ces évènements, il va relater cette période éprouvant une nouvelle méthode historique : confronter l’objectivité des faits et les intégrer à une vision globale. L’œuvre de Polybe est un document essentiel pour appréhender une étape décisive de la formation politique du nouvel ordre mondial, ce qui le classe comme le plus grand historien de l’antiquité au côté de Thucydide.
A leur suite, Strabon, (-63-25 av JC) poursuivit l’œuvre de Polybe. Par ce travail il entrevoit la nécessité d’apporter un éclairage « utile » aux gouvernants en écrivant les 17 livres de la géographie, tirés de ses nombreux voyages où il décrit la vie régionale tant du point de vue scientifique, physique mais aussi politique.
La période romaine
C’est un retour aux historiens prolifiques qui laissent des œuvres littéraires considérables sur les évènements qui ont conduit la République de Rome à l’Empire. On cite ordinairement quatre noms : Salluste (-87-35av jc) qui décrit avec clairvoyance cette période troublée ; Tacite (58 120 ap jc) par ses textes difficiles, obscurs et passionnés a voulu montrer à la fois la grandeur et le tournant fatal vers la décadence de Rome mais aujourd’hui sa qualité d’historien est aujourd’hui contestée par un récit souffrant d’un manque d’objectivité et de rigueur ; Tite-live (-59 17ap jc) est sans conteste le plus fécond de ces historiens témoins de la grandeur de Rome ; César(-100-44 av jc) dont « les commentaires sur la guerre des Gaulles » sont un exemple de mémoires historiques même si l’objectivité de ses récits sont quelque peu discutées par les historiens.
Ces quatre historiens ont laissé des œuvres magistrales qui permettent encore aujourd’hui de comprendre ce que fût Rome mais leur démarche est empreinte d’un patriotisme latent qui sied mal avec une rigoureuse objectivité.
Flavius Josèphe (-37.100 ap jc) est un historien juif de la période troublée de la chute de Jérusalem par les romains. Il est personnellement engagé dans les récits qu’il relate d’où un manque d’impartialité toutefois, les historiens d’aujourd’hui s’accordent pour restituer une grande valeur à son œuvre pour comprendre l’histoire d’Israël et les rouages de l’Empire romain. C’est le seul juif de cette époque dont les écrits soient parvenus jusqu’à nous.
LE MOYEN ÂGE : Le temps des textes religieux
L’histoire pendant cette période est retranscrite principalement par les hagiographes (du grec hagios/saint et graphein/écrire) appartenant principalement au clergé ou à des monastères et qui sont proches du pouvoir de l’église. Le texte hagiographique a pour vocation d’être lu pendant les offices des moines ou en public lors des prédications à des visées d’exemplarité. Il puise donc largement ses références dans les écrits bibliques et en cela sont empreints d’un caractère légendaire quant à la biographie des Saints. L’historicité est donc douteuse puisque par essence l’écriture de la vie des saints n’est pas par nature basée sur des faits irréfutables et tangibles. Cependant, les hagiographies donnent des renseignements utiles à l’étude d’une période contemporaine des personnages qu’elle décrit.
Athanase d’Alexandrie (298-373), patriarche d’Alexandrie est une figure majeure du christianisme. Fort d’une solide base littéraire et philosophique, il rédigera lors de son dernier exil la majorité de son œuvre immense et laissera à la postérité la vie d’Antoine et celle des pères du désert.
Sulpice-Sévère (363-410 ou 429), au barreau avant de rejoindre les ordres, nous lègue la vie de saint Martin.
Grégoire de Tours (539/594), évêque de Tours, est sans doute le plus connu de tous. A la tête d’une des plus grands épiscopats, il est mêlé aux querelles des rois francs ce qui le place au cœur de la vie de la Gaule mérovingienne dont il écrira l’histoire (« dix livres d’histoire ») dont « l’histoire des francs » en y ajoutant les récits de vie de saints gaulois (« le livre des miracles »).
Mais c’est Jacques de Voragine (1228-1298), archevêque de Gênes qui nous donne le plus bel exemple d’une œuvre hagiographique, retraçant la vie de très nombreux martyrs et saints ayant subi les persécutions romaines dans le livre « La légende dorée ».
Il ne faut pas oublier que comme pour la période antique, le pouvoir de l’écriture est aux mains des élites et des puissants. En ce sens seuls les monastères bénéficient de l’accès aux bibliothèques, sources de savoir. L’écriture est le fait des moines lettrés qui ont en charge la transmission écrite des ouvrages anciens.Mais cette charge est étroitement encadrée par l’église.
Deux évènements majeurs vont sortir petit à petit l’histoire du giron de l’église.
Premièrement « la querelle des investitures » de 1075 à 1122, qui opposa le Saint Empire Romain Germanique , héritier de l’Empire d’occident carolingien et la Papauté, gouvernement de l’église catholique romaine. Son origine vient d’un des trois projets de la réforme grégorienne qui entend asseoir l’indépendance du clergé en refusant que le clergé soit nommé par les empereurs germaniques. C’est la primauté de l’ordre spirituel sur l’ordre temporel. Dans le même temps, la réforme grégorienne, voulant redresser l’église par une meilleure éducation de ses clercs accroit considérablement les écoles, ce qui confère à l’église davantage de pouvoir encore qu’elle peut utiliser à des fins politiques.
Le deuxième événement est l’essor de la période des croisades qui apporta à l’église la possibilité d’une forte propagande. Ainsi relayée par de nombreux moines bénédictins, qui s’emparent de toutes les sources possibles, les récits historiques lés aux croisades prolifèrent.
L’histoire s’empare définitivement du canal de l’écriture mais reste encore figée sous l’égide de l’ordre religieux, servant la propagation des saintes écritures. Et si elle sort de ce rôle ce n’est que pour rapporter des faits en excluant toute analyse de l’origine des faits eux même.
Ce n’est qu’au XIIIème siècle que l’histoire s’émancipe de l’église en entrant dans les universités qui voient le jour dans les grandes villes permettant à des étudiants laïcs de prendre pied dans l’étude de l’histoire même si la consultation des textes restent encore majoritairement dans les mains de l’église qui possédaient les grandes bibliothèques.
C’est la naissance du concept de la nation qui va sortir définitivement l’histoire de l’ombre de l’église. En effet, les pouvoirs royaux, notamment français et anglais qui s’affrontent pendant la guerre de cent ans, va faire émerger chez les gouvernants le besoin de comprendre son propre parcours historique pour en tirer une identité renforcée. A cela s’ajoute le développement technique de la diffusion des savoirs avec les premiers pas de l’imprimerie, révolutionnant la production et la diffusion des ouvrages dans l’ensemble de la société. La progression de l’histoire comme discipline était en route.
LA RENAISSANCE : L’avènement de l’histoire comme discipline universelle.
Sous la Renaissance les progrès considérables des valeurs humanistes apportent un regain d’intérêt pour la période antique, grecque et latine. De nouvelles sciences telles que la numismatique (étude la monnaie), l’épigraphie (étude des inscriptions) ou la diplomatique (étude des traités) enrichissent et diversifient les méthodes de recherche des historiens. L’intérêt porté à la période antique va entraîner les recherches, les traductions et la restauration des textes anciens, amenant à son tour une meilleure connaissance de l’histoire occidentale.
Ainsi Flavio Biondo (1392-1463), historien archéologue composa sur les antiquités de Rome des ouvrages de référence qui prévalurent longtemps.
Elie Vinet (1509-1587), érudit et pédagogue, nous laisse de nombreux commentaires sur les textes anciens et l’étude du patrimoine romain bordelais.
L’histoire et son étude, ancrée dans la croyance que tout fait procède d’une force supérieure, ne se libère que difficilement de l’emprise de l’église. Par ailleurs, elle reste également un instrument du pouvoir des monarques et des princes. Machiavel(1469-1527), plus connu comme philosophe, a dans une moindre mesure apporté un éclairage certain, témoin de son temps, sur la gestion du pouvoir. La nouveauté est qu’il prolonge le fait historique par une analyse de l’état politique de son pays sous le règne des Médicis.
Le monde s’ouvre ensuite à d’autres horizons par les découvertes continues d’autres continents. Cela aura un impact considérable sur toutes les cours européennes qui vont porter un intérêt aux autres cultures, notamment hors du continent européen et vont léguer un sentiment de curiosité et d’altérité aux élites de la nation. C’est la période où des expéditions savantes s’organisent pour une classification sans précédent de la nature et des espèces.
L’esprit des lumières
Cet engouement pour l’exotisme s’accompagne de l’éveil d’un esprit critique sur toute la société qui profite de cette ouverture au monde. L’histoire n’est plus seulement vouée à recueillir des faits devient un champ mêlant une vaste réflexion philosophique sur l’action des hommes et de ses gouvernants dans un monde amplifié.
Voltaire (1694-1778) grâce aux documents fournis par le grand chambellan de l’impératrice, rédige « l’histoire de l’empire russe sous Pierre Le Grand» ou encore « Le siècle de Louis XIV » fresque contemporaine du règne du grand roi au sein des autres nations.
David hume (1711-1776), l’historien britannique, outre de nombreux traités philosophiques, s’attache à retracer par son livre « histoire de l’Angleterre ». il est très influencé dans son travail par Newton à qui il emprunte une rigueur scientifique qui vise à confirmer des hypothèses.
Edward Gibbon (1737-1794) autre historien britannique, a laissé une œuvre très référencée sur l’empire romain « Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain » s’attachant à travailler au plus près de la source autant qu’il était possible de le faire. Il est d’ailleurs considéré comme étant le premier historien moderne.
Pendant cette période nouvelle, l’histoire bénéficie donc de l’esprit critique qui souffle, remettant en cause les préjugés qui prévalaient jusqu’à présent en s’appuyant notamment sur le développement des découvertes scientifiques et techniques en cela que les méthodes d’investigation se perfectionnent.
L’HISTOIRE CONTEMPORAINE
Le XIXème siècle : Une continuité littéraire augmentée de scientisme
Parvenue à être considérée comme une discipline scientifique, l’histoire obtient la reconnaissance par la fondation des archives nationales puis fait son entrée dans le champ de l’enseignement avec l’ouverture de l’école des chartes qui dispense son enseignement à partir de 1821. Les historiens deviennent par cette voie des professionnels de l’histoire mais elle ne perd pas pour autant de sa grandiloquence littéraire.
C’est le cas notamment avec Michelet (1798-1874) premier représentant de l’historicisme en France, doctrine qui défend l’idée que l’histoire est une science et qu’en cela l’historien doit établir des faits tout en recherchant à les contextualiser dans l’époque où ils se sont produits, sans en interprétant le sens par un jugement de valeur. Il doit trouver au mieux les causes immédiates des évènements. Auteur prolixe et infatigable, Michelet laisse une œuvre aux accents flamboyants.
L’Allemagne, en avance sur la France, avait institutionnalisé la discipline en ouvrant la Monumenta Germaniae Historica (Institut allemand pour l’étude du Moyen Âge visant à réunir et retranscrire l’ensemble des sources disponibles.
L’histoire y gagne en reconnaissance et crédibilité notamment grâce à l’historien allemand Theodor Mommsen(1817-1903) qui jette des bases critiques du métier d’historien .
En France c’est Fustel de Coulanges (1830-1889), titulaire de la première chaire d’histoire qui engage l’historiographie dans une voie scientifique s’inspirant fortement des méthodes de la sociologie.
Mais les débats quant à l’interprétation de l’histoire par les historiens demeurent. Ils sont ravivés par le contexte historique de la guerre de 1870 ou influencés par les nouvelles idéologies comme le libéralisme. L’histoire n’échappe pas à son époque et l’historien peut difficilement rester neutre.
On le voit avec Alexis de Tocqueville (1805-1859), historien précurseur de la sociologie, qui voit le libéralisme comme une source de liberté individuelle. Ou bien encore François Guizot (1787-1874) nommé à ses débuts à la chaire d’histoire de la Sorbonne, il impulsa le renouveau dans la recherche historique française, position qu’il conforta tout au long de sa carrière politique notamment par la création de la société de l’histoire de France. Mais également homme politique , il n’échappe pas à son statut partisan comme membre du parti libéral.
Edgar Quinet (1803-1875) proche de Michelet, il sera aussi un historien inspiré par ses idées républicaines et lui aussi engagé dans le combat politique devenant la conscience du parti républicain tout en léguant de nombreux travaux historiques. Il jette les bases de l’enseignement obligatoire laïc qui deviendra un puissant moteur pour la divulgation de l’histoire, objet de la propagande politique qui sévira durant tout le XXème siècle.
Le xxème siècle : l’histoire réactivée par les sciences humaines
Désormais installée comme discipline scientifique, enseignée et publiée, l’histoire appauvrie à son objet, devient limitée par ses règles impératives d’objectivité.Les nouvelles sciences lui apporteront l’ouverture nécessaire à son évolution.
Tout d’abord, avec le marxisme, l’historien introduit les données économiques à sa réflexion. Mais la révolution est en marche. L’histoire sera traversée par tous les changements liée à la révolution industrielle et par les deux guerres mondiales, évènements majeurs du siècle qui bouleversent l’ordre mondial.
Les techniques évoluent très vite et de nouvelles sciences naissent et prennent un essor sans précédent : archéologie, démographie, sociologie, anthropologie…
L’apport de la sociologie
Nouvelle discipline principalement engagée par Emile Durkheim (1858-1917), la sociologie doit s’imposer face à la prédominance du fait historique. L’école durkheimienne tend à voir l’histoire comme une discipline qui recueille les faits pour se mettre au service de la sociologie, seule capable de comprendre la logique des évènements. Mais de Charles Victor Langlois (1863-1929)et Seignobos (1854-1942) proposeront une répartition entre les deux disciplines : l’histoire pour le passé et la sociologie pour le présent.
Il est à noter, au moment du développement de la sociologie en France, naît un courant que l’on appelle l’école de Chicago, qui modifiera profondément la méthode de collecte des sources. En effet, à partir de 1820, Znaniecki (1882-1958) et william Thomas (1863-1947), seront les premiers à utiliser des documents personnels pour leur travaux (lettres, autobiographie, journaux intimes etc … ou des documents journalistiques (archives de paroisses, quotidiens, procès, enquêtes sociales etc… ). Le fait n’est pas anodin dans la mesure ou de plus en plus l’histoire est reconnue comme une science humaine pétrie de l’interaction des hommes en tant qu’acteur de l’histoire.
L’école des annales
C’est dans ce contexte que naît en 1930 l’école des Annales.Inspirée principalement par la sociologie, ce courant de pensée oblige l’histoire à sortir de l’étude évènementielle pour se penser durablement dans une histoire économique et sociale dépassant les protagonistes de cette histoire. S’appuyant sur les travaux de Lucien Febvre (1878-1956) et de Marc Bloch (1886-1944), ayant recours à l’économie, la géographie, l’économie politique et la sociologie, les historiens vont penser l’histoire comme faisant partie de « l’économie-monde ».
L’histoire est alors revisitée grâce à l’apport des nouvelles sciences.
Fernand Braudel (1902-1985), historien renommé et représentant de l’école des annales prône l’unicité des sciences humaines. Son approche pluridisciplinaire lui permet de dégager des concepts tels que l’étagement des temporalités, la longue durée ou la civilisation matérielle.
La nouvelle histoire
Pierre Nora (1931-) et Jacques Legoff (1924-) prolongeront l’esprit des annales (troisième génération)en publiant en 1973 « faire de l’histoire », qui envisage l’histoire comme une histoire « des mentalités » liée à des représentations collectives et mémorielles, véritables structures mentales des sociétés. La nouvelle histoire s’intéresse aux vastes ensembles dans la longue durée.
L’histoire pluridisciplinaire
Ce que l’on nomme histoire contemporaine s’intéresse aux conditions d’émergence économiques, sociales, politiques et culturelles des sociétés contemporaines. En ce sens elles s’ouvrent à tous les champs disciplinaires qui travaillent à la compréhension des évènements historiques et de la place de l’homme au sein de ces sociétés. Pour ce faire, elle s’adjoint le concours des sciences humaines comme l’anthropologie, la sociologie, la démographie, la psychologie, l’ethnologie entres autres. Mais la surabondance des sources et la multiplication des médias obligent les historiens à une vigilance particulière pour le traitement de cette prolifique information afin de garder une objectivité certaine.
CONCLUSION
Pour conclure la « historia magistra » qui a conduit pendant des millénaires à chercher des modèles dans le passé pour comprendre le présent et instaurer une société de progrès est invalidée. L’histoire se retrouve confrontée à l’interrogation permanente de ce que sera demain, et à l’appréhension de cette attente dénuée de vision bousculée par une historicité immédiate.
Dans le même temps, on assiste à de nouvelles façons de faire l’histoire, comme le montre Christophe Granger dans « A quoi pensent les historiens ? Faire de l’histoire » où l’historien n’hésite pas à mêler des savoirs rigoureux et des démarches réflexives laissant la place à une subjectivité certaine. Ils proposent leurs analyses tirées en partie de leurs expériences personnelles retrouvant le goût du récit et de la narration imaginative. Les publications de Ivan Jablonka (1973-), de Charles C Mann (1955-) ou encore Alessandro Barbero (1959-) attestent de cette nouvelle manière d’écrire l’histoire.
Pour en savoir plus vous pouvez consulter le lien ci-dessous qui vous donnera la liste de tous les historiens qui ont forgés l’Histoire
http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_d%27historiens
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Ayant terminé ma dissertation de philosophie sur l’histoire et son interprétation il y a à peine deux jours, je dois dire que votre article est vraiment passionnant et instructif. Merci, grâce à vous j’en ai appris encore un peu plus 🙂
Bonjour,
Merci pour cet élogieux commentaire qui m’encourage à poursuivre.Je m’efforce par des articles concis d’éclairer des territoires immenses…Je suis ravie que cela renforce votre curiosité et votre savoir. Si vous deviez vagabonder davantage sur mon blog, je vous souhaite une bonne lecture. Valérie
Passionnante page que ce retour sur l’histoire de lécriture
J’ai voulu montrer l’importance de connaître les conditions d’écriture au travers de l’histoire.Cela donne une idée de la formidable évolution de l’accès à cet outil que l’on ne mesure pas toujours aujourd’hui.Merci