Roma "au-delà du vertige, François Jaladeau

« Au delà-du vertige »

Le roman « Au-delà du vertige » de François Jaladeau

Roma "au-delà du vertige, François JaladeauUn premier roman autobiographie dont la verve accroche notre questionnement sur les affres de l’AMOUR.

A partir d’une correspondance soigneusement gardée, Paul le héros, retrouve le fil du sentiment d’AMOUR qui a nourri son existence au travers de deux femes tout autant aimées. Parcours qui interroge sur la place de l’homme dans le coeur d’une femme, que la relation  soit foudroyante ou qu’elle creuse son sillon au fil des années.

Roman de 292 pages corrigé en Juin 2014.

EXTRAIT DU ROMAN

Le legs

 » La grande force des êtres c’est peut-être leur absence, loin d’eux on oublie leurs défauts, leurs manies…

 La vie de Paul se résume à deux femmes : celles qui ont traversé sa vie, qui l’on traversé, qu’il aimât.
Voilà ce qui a été le sens de sa vie d’homme. Paul en était là. Il ne savait pas ce que serait son avenir mais il savait que vouloir maîtriser sa vie est une utopie, qui aide sans doute à vivre et à accepter l’idée de la mort.
Et finalement la vie, la mort, ce sont elles qui nous guident, tracent le chemin, nous maîtrisent, nous dominent, jusqu’au bout.
Voilà le legs de ces quarante années écoulées.

 Vivre au-delà du vertige…Exister…Comment ?

Trente deux ans de vie commune avec Marion, aurait-ce été possible ? Paul est finalement persuadé que non. Leur amour était cérébral et passionnel, agité, nourri de fougue. C’était un amour mouvementé, houleux, parfois orageux, violent. A contrario, il pouvait se combler de bonheurs sublimes.

 L’amour de Paul et Valérie est d’une autre nature, tout autant passionné, bouillant, c’est un feu qui embrasa leur cœur pendant de nombreuses années pour, avec le temps, devenir braises ardentes couvant sous les cendres, braises qu’on croit éteintes et qui ne demandent qu’à s’embraser de nouveau. Cet amour est rassurant. La quiétude, la sérénité des sentiments réchauffent comme l’âtre réconfortant d’un foyer. Valérie est pétillante, généreuse et sereine ; sa détermination à aimer Paul ne s’est pas altérée, ni érodée au fil du temps, elle s’est modifiée comme elle, comme Paul, imperceptiblement mais inéluctablement avec les années.

Aurait-ce été possible avec Marion ? Ses souvenirs intensément vécus l’en dissuadent. L’égo de Marion l’empêchait de se relier totalement avec ses sentiments. En cela, il s’oppose à la générosité de Valérie, à sa quiétude. La force sentimentale et affective de Valérie se résume à son bon sens et à son intelligence du cœur.

 Marion était intelligente et cérébrale certes, cela n’en faisait pas pour autant un être supérieur au regard d’une femme dont l’intelligence indubitable était empreinte d’amour et de générosité.

 Avec Valérie, malgré la passion qui le liait à elle, la vie était plus calme, plus équilibrée. L’amour y trouvait son comptant sans le charivari du premier. Il était tout aussi absolu : Valérie, par sa présence, sa personnalité, son altruisme et sa noblesse de cœur, avait envahi, rempli la vie de Paul. Elle avait relégué Marion au rayon des souvenirs de jeunesse pendant trente ans… Souvenirs chéris, certes inoubliables, mais souvenirs indubitablement.

 L’usure du temps, le quotidien, le vieillissement de l’un et de l’autre, l’étiolement du charme qui avait si bien opéré par le passé, qui s’était exercé l’un sur l’autre, avait émoussé leur séduction mutuelle. L’inexorable habitude, l’appauvrissement de l’esprit de séduction tout simplement, participaient à la déliquescence, imposée par les sédiments de la vie.

Aujourd’hui, Valérie EXISTE encore dans la vie de Paul, malgré tout cela… Valérie est là, présente, bien présente malgré le temps assassin. Marion était absente depuis quarante ans, bien que toujours présente dans le souvenir et le cœur de Paul.
Le temps assassin attribue la double peine : il érode l’une tandis qu’il magnifie l’autre. C’est la double peine pour celle de toujours, TOUTE, qu’est Valérie, au regard de celle de toujours, qu’est Marion pour Paul.

 Marion, à nouveau présente, oppose brutalement le souvenir vivant et la sévère réalité. Elle oppose l’amour, magnifié par le temps écoulé, à l’érosion, l’usure du temps, du quotidien, d’un sentiment présent, dans son âpre réalité, son rigoureux et cruel réalisme.

 Paul et Marion décidèrent de suivre le chemin tracé du destin. Ce n’était pas la couardise qui les guidait, mais au contraire, une volonté farouche d’EXISTER dans l’étroit et précaire couloir que la vie leur accordait désormais.

Un choix de plus en plus restreint, mais un choix tout de même, s’offrait à eux : aimer encore, s’aimer, jusqu’à l’épuisement de leurs forces.

 Valérie ne changerait pas, ne changerait peut-être plus. L’arrogante horloge biologique nous toise, provoque et se joue de nous. Le destin avait offert Marion à Paul, égale à elle-même depuis tout ce temps, il le lui avait offert en pointillés certes, parce que la vie de chacun était engagée. L’âge les avait immergés dans la réalité et chacun avait à assumer le chemin qu’il avait choisi. Valérie continuait de partager son amour, le partageait à sa manière désormais. Elle participait, sans défaillir, à ses tracas, ses peines et ses joies, bref : elle épousait sa vie, depuis longtemps… Paul était responsable de sa rose, à l’instar du Petit Prince de Saint-Exupéry. Il se devait de l’entretenir pour qu’elle ne fane pas ni ne meurt, pour la garder près de lui, la garder dans sa vie et rester dans la sienne.

 Paul et Marion, malgré l’âge, le temps passé et passant, leurs engagements, leurs responsabilités respectives avaient voulu EXISTER pour eux-mêmes une dernière fois ensemble. Le temps était compté et s’accélérait inexorablement. Le temps qui restait à vivre faisait pression. Il avait été vital, pour eux, de ne pas gâcher ce temps incertain qui précisait son emprise. Ils avaient conscience de cet ultimatum.

 Valérie restait la compagne de Paul, une compagne passionnément aimée jusqu’à l’oubli du monde : celui de Marion. Une compagne aimée depuis trente ans…

 Marion avait été la passion vivante de Paul jusqu’à ce que, l’âge aidant, elle s’efface devant l’amour incandescent brûlant de sentiment, d’affection, de complicité, de sollicitude, de respect, d’admiration, de gratitude jamais égalée que lui apportait Valérie.

 Tant que nous sommes vivants – écrivait Paul à quarante ans, en 1993 – nous nous préférons au reste du monde, c’est cela EXISTER. Cette préférence nous rend inaccessibles. Nous ne cessons de remporter une secrète victoire. C’est au fond de chacun de nous un drame secret, confus et merveilleux : nous cherchons pour nous-mêmes et pour les autres comment il faut vivre.

La vie est un choix pour qui sait et veut vivre ; elle n’est pour les autres qui dédaignent d’y faire face, qu’une suite de circonstances qui les malmènent, une fuite pernicieuse.

Le secret de la force consiste à savoir ce que l’on veut donner et faire. Et puis, la vie elle-même, si difficile soit-elle, nous réconcilie avec la vie.

C’est la difficulté d’être adulte : faire sa place dans un monde féroce sans s’handicaper le cœur et l’esprit, savoir choisir et ne pas se tromper, se tromper le moins possible.

Contre toute apparence parfois, il est des choix qu’un homme fait pour défendre et sauvegarder son essentiel. Pour ne pas traverser la vie, mutilé, trahi par lui-même. Pour préserver l’avenir, son avenir.

La richesse intérieure est dans la volonté impavide et l’action d’être soi, aux dépens des autres s’il le faut, pour EXISTER.

Cette année là, Paul avait enfin rejoint Valérie pour vivre avec elle.

Aujourd’hui, en 2013, Paul n’a pas changé. Il reste ancré dans cette réalité depuis 1972 et 1993.

 Paul et Marion s’étaient réappropriés leur corps, leur vie. Ils s’étaient nourris l’un de l’autre le temps des retrouvailles, au-delà du vertige, au-delà des vertiges passés de leurs vies respectives.

L’un et l’autre savaient, que rien ne peut se résoudre totalement lorsque, la maturité passée, l’âge prend le pas sur l’avenir insidieusement, irrémédiablement. Tout deux savaient que l’avenir se calque sur le passé, que plus le premier se restreint plus le second le remplace, que l’osmose des deux aide à vivre le temps qui nous reste, nous fait EXISTER. Tout amour est unique et domine, guide, notre existence, nos vies. »

 

Vous pouvez lire La préface et la quatrième de couverture écrite par mes soins sur mon site.
J’ai réalisée la couverture en collaboration avec Nathalie Richard.

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