« Petit ecoute la nature » une biographie par Valerie Jean Biographe avec Jean et Yannick
Un témoignage d’amour d’un fils à sa mère disparue trop vite, sans crier gare, et d’un petit fils à son grand-père, un homme qui nous raconte les anecdotes de sa jeunesse, en Algérie.
L’Algérie
À partir de 1958, les évènements d’Algérie s’étaient précipités, faisant de Ténès, une zone dangereuse. Nous n’avons donc pas profité de ce petit paradis comme nous l’aurions voulu.
Le 1er janvier 1960, Marthe et les enfants me rejoignirent là-bas avec notre chien.
Très vite, il fut chargé de surveiller les enfants quand ils allaient à l’école. Jeanine et Bernard étaient alors à l’école primaire. Si les enfants traînaient trop en route, il les poussait du museau en direction de la maison pour qu’ils ne s’attardent pas !
Ce chien nous rendit de grands services. Il était capable d’aller seul chercher le pain ! Je l’envoyais chez le boulanger à 7 heures avec la commande et le cabas…et il revenait avec le tout. Il était très obéissant et laissait les autres clients passer devant lui avant de se présenter à son tour auprès du boulanger !
Un jour, nous avions des invités pour dîner et je l’ai envoyé chercher plus de pain à une heure qui ne correspondait pas à son habitude… Il n’a rien rapporté ! Il a fallu que je retourne chez le boulanger !
Dans les anciens bâtiments de la gare stationnaient une compagnie de gardes mobiles. L’ensemble était entouré de barbelés. Les enfants, devaient être toujours accompagnés dans leurs déplacements y compris pour se rendre à l’école. Je pense qu’ils furent très impressionnés par ces trajets qu’ils effectuaient dans des camions militaires ou des chars, où ils étaient plongés dans le noir…D’ailleurs Jeanine fera des cauchemars bien longtemps après ces évènements.
Un jour, les enfants ne rentrèrent pas tout de suite à la maison, décidant de s’arrêter chez un copain, sans nous prévenir. On s’inquiétait, terrifiés car la situation se dégradant, un petit avait été enlevé peu de temps avant. Dieu merci, ils rentrèrent sans dommage.
Cette période malgré un quotidien terrifiant laissa aux enfants un heureux souvenir grâce à ce chien exceptionnel qui resta durablement dans leur cœur. D’ailleurs, quand elle fut adulte, Jeanine choisit ZAKAR comme mot de passe de son ordinateur…
Bien des années plus tard, un de ses amis, en poste en Kabylie comme professeur de faculté, proposa à Jeannine de venir pour un séjour en Algérie pour revoir Tenès. Elle déclina l’offre selon Marthe qui me confie la parole de Jeanine: » Pour moi Tenes est un beau souvenir, je veux le garder comme je l’ai vécu…J’aurais peur de l’abîmer si son image avait trop changé. »
Jeanine faisait régulièrement des cauchemars, sans doute, les traces des évènements vécus en Algérie durant son enfance. Elle avait une haine viscérale des armes. Elle avait vu son père dans l’obligation d’en porter quand il avait été contraint de défendre sa famille.
Pendant les alertes la famille allait s’abriter dans un entresol sans fenêtre où, terrorisés, Jeannine et Bernard écoutaient les balles siffler. De ces moments tragiques, elle a gardé une grande claustrophobie et un sommeil parfois chahuté de mauvais rêves.
Mais tout n’a pas été dramatique en Algérie et Jeanine a gardé un esprit de liberté face aux grands espaces qu’elle parcourait avec son père et son grand-père dans les hauteurs de Oms.
Au coeur de la montagne, nous partions en pique-nique où grand-père faisait des grillades cuites aux sarments de vigne dans les lieux autorisés : et oui, ce fut le comble qu’un ancien employé des eaux et forêts déroge à la règle ! Elle reçut de son père cet amour des grandes balades dans la nature qu’elle garda toute sa vie.
Epilogue
« Elle était très douce, très calme. Quand elle était petite, elle supportait tout et ne se plaignait pas et ne se rebellait jamais. » Voilà ce que Marthe, sa maman me dit de Jeanine en conclusion de notre entretien.Tandis que Yannick ajoute: « Elle avait le talent de voir la vraie nature des personnes et l’art de s’entendre avec tout le monde, portant une attention particulière à chacun. »
N’est-ce-pas là, le concept d’amour universel ? S’oublier par amour au profit de l’autre…
Puisse ce modeste témoignage de la vie de Jeanine inspirer encore beaucoup d’amour et de compassion qu’elle même mit au service des autres durant son passage, trop court, telle une étoile filante.
Elle éclairera nos vies encore longtemps comme cette rose qui fleurit à chaque printemps.
fin des extraits choisis
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